La boucle est bouclée

mercredi 31 août 2011

Gengis Khan 5

Bienvenue en Mongolie !
A 5h30, Golden Teeth réveille Vicky, ce qui me réveille aussi. Elle doit défaire son lit rapidement mais se rendort. Trop tôt. J'ouvre le rideau, fichtre ! Lever de soleil sur les steppes mongoles, juste exceptionnel, à couper le souffle. Je suis captivée pendant 1h.
L'arrivée sur Oulan-Bator au petit matin est assez saisissante. Grande ville, très étendue. Je dis au revoir à tout le monde, dans quelques minutes ils pourront se doucher, quelle chance ! Nous ne sommes plus que trois, je vais discuter avec les suédois Gabriel et Joakim qui sont juste trop cloolsses. Nous descendons ensemble sur le quai. Beaucoup de gens attendent pour monter dans notre wagon. Nous remontons tout le quai, grande gare, pas beaucoup de marchands de bouffe, mais des gens qui vendent des cartes postales, de la camelote, en mendiant à moitié. Nous remontons à bord, le train s'est rempli. Tous les compartiments sont occupés cette fois. Les suédois n'ont pas de nouvel arrivant. Je trouve un trentenaire sur la banquette en face de la mienne : Matt, british d'Oxford. Nous faisons connaissance en nous extasiant devant les panoramas mongols.
Puis sieste, comme tout le wagon. Je me réveille lorsque le train arrive à Choyr, petite gare perdue au milieu de nulle part. Le décor a changé, il fait chaud, c'est plat, bienvenue dans le désert de Gobi !
Il y a des français dans le wagon, mais je ne leur parle pas, ils ont l'air hautain et me font peur. Sinon, des occidentaux et des asiatiques.
13h30, trop la dalle. Matt et moi partons en quête du wagon-restaurant. Depuis hier soir et le passage en Mongolie, la voiture-bar est mongole et se situe au milieu du train, juste après les 1ères classe. Il n'y a pas grand monde, le gentil mongol nous installe immédiatement et peu de temps après, arrive l'entrée. Sans carte, sans commande, mais avec du pain et nos boissons. Crudités, très bon, ça fait du bien de manger des produits frais. Le plat est sur la table avant que nous ayons fini nos entrées. Mouton avec riz, légumes... Hachement bon. Enfin, la soupe (bouillon) avec viande de mouton et grosses nouilles. Je n'en peux plus. En cadeau, un paquet de crackers. Il fait très chaud, le décor est sympa, le panorama époustouflant et la bouffe très bonne. Que demander de plus ? L'addition. Vindieu ! Elle nous reste un peu en travers de la gorge. 1000 roubles, ou 30$ ou 25€. ça fait mal.
Elle fume la loco
A la gare suivante, Sain-Shanda, la chaleur est écrasante. C'est vrai que dans "désert de Gobi", y'a désert. Forcément. Je cause avec les deux cools suédois. A l'ombre. Il y a pas mal de marchands, beaucoup de passagers achètent des glaces et des boissons fraîches. Adieu poisson séché. Dans le wagon, en attendant le départ du train, la chaleur est étouffante. Malgré les fenêtres ouvertes et le ventilateur en route. Je comprends mieux le pourquoi du ventilo dans chaque chambre. Il fait 37° dans le wagon.
Malgré le rien et le vide du paysage, c'est hypnotisant. Avec le tchaka-tchaka du train, c'est parfait pour une sieste.
J'ai enfin vu un chameau ! Après les moutons, vaches, chiens, chevaux, v'là le chameau couché peinard près d'une yourte. C'est assez impressionnant de voir une yourte au loin, posée au milieu de nulle part, à des kilomètres de tout. Tout à l'heure, un type nous a doublés en moto, et il ne roulait pas si vite que ça. C'est dire la lenteur du train parfois.
C'est vide, hein?
La Bande Originale du Train est différente, elle aussi. On n'est plus dans le mélancolique sibérien. Là, ça serait plus du Ennio Morricone. Il y a tous les ingrédients pour un Sergio Leone : le train, la chaleur, les chevaux, le ciel tellement bleu qu'il en devient transparent de luminosité, le soleil écrasant, le vent et le vide. On est en plein western grave ! Paysages hallucinants où l'on s'attend à tout moment à voir surgir Clint Eastwood à cheval. Causerie dans le couloir avec les suédois.
Coucher de soleil et poteaux électriques
La frontière mongole arrive avec le coucher du soleil et une poussière/fumée venue de je ne sais où. De la loco peut-être. 1h30 à attendre. Le douanier mongol nous prend les passeports avec sérieux, nous avons droit à un salut militaire. En attendant, je joue au continental avec Matt. Golden Teeth nous donne les fiches à remplir pour la Chine, les douaniers nous rendent les passeports, et ça repart (oui, comme Mars)
Puis, Erlian, welcome to China. Le plus long arrêt, environ 4h, nous en avons jusqu'à 1h du mat'. On nous prend les passeports. Je vais chez les suédois, on se marre bien. Ils vont étudier en Chine, pendant un an pour l'un, six mois pour l'autre. Dans le train, ils apprenaient le chinois pour faire passer le temps. Le train entre à l'atelier pour le changement des boggies. Je rejoins Matt pour la session photos. C'est très impressionnant de rapidité, d'efficacité et d'enormité de la tâche. Le train est soulevé, ils retirent ce qu'il y a en dessous (les roues tout le bordel), puis ils mettent les bonnes roues du bon écart au bon endroit, et ils font redescendre le train. Facile.
Golden Teeth nous donne des bons de repas gratuits pour le wagon-restaurant chinois demain. Seulement, le petit-déjeuner c'est entre 7h et 8h et le déjeuner entre 10h30 et 11h30.
Erlian
Nous revoilà en gare, on peut descendre du train et enfin respirer de l'air frais. Que ça fait du bien, je n'en pouvais plus de cette fumée/poussière partout. Les mains constamment crades, c'est infernal. A Erlian, à 23h30, il n'y a rien. Nous entrons dans la gare, la boutique est ouverte. A presque minuit, un dimanche soir. Cool. Je rencontre le français de première classe devant les pattes de canard sous vide. Puis, ses filles ont essayé de me convaincre de manger une glace japonaise aux haricots rouge. Ces français sont aussi perchés que je le pensais, coincés dans un autre monde. "Mais allez-y, achetez quelque chose à manger, juste pour essayer, ça ne coûte vraiment rien, même pas 0,50€, et si vous n'aimez pas c'est pas grave vous le jetez". Non merci. De toute façon je n'ai pas faim et il n'y a pas de M&M's. Je préfère rester avec Matt et les suédois.
Plus tard, sur le quai, nous discutons avec Scott et Gemma. Chouette nuit. Il y a de la musique chinoise pourrie en continue dans les hauts-parleurs de la gare, à rendre dingue.

Le train part d'Erlian en fanfare, strange. (je mettrais bien mon enregistrement mais je sais pas comment faire)

Dag 4

Mal dormi. Une première dans ce train. Difficultés à m'endormir sans doute dues à l'appréhension liée à l'approche de la frontière. Bien évidemment je n'étais pas levée pour voir le soleil se refléter sur le lac Baïkal au petit matin.
Matinée peinard dans le couloir, Vicky dort. Je ne suis pas la seule dans le couloir, nous attendons tous avec nos appareils photos l'apparition du lac Baïkal. La ligne longe le lac, mais le chemin est bordé d'arbres, on ne voit donc rien.
Avant Oulan-Oude
L'arrivée sur Oulan-Oude est magnifique, le soleil est là, ça mitraille de tous les côtés. Le hollandais a réussi à débloquer la fenêtre du couloir, c'est beaucoup plus pratique pour les photos. Bienvenue à Oulan-Oude, capitale de la Bouriatie, grande ville. Il fait 27°, quel changement ! Il ne faisait pas froid cette nuit. Quelques emplettes vitales : eau, noodles et nous remontons en voiture. Il y a de nouveaux voyageurs dans le train, mais pas chez nous. Probablement demain à Oulan-Bator.
Les paysages sont plus montagneux, ça change. C'est assez splendide.
Dernière journée en compagnie de mes compagnons d'infortune. Demain matin, à Oulan-Bator, à 6h30 (heure d'Oulan-Bator), la voiture n°6 se videra. Il ne restera que moi et les deux jeunes suédois.
Après Oulan-Oude
Paul et moi remontons tout le train, histoire de visiter, jusqu'à la voiture 15 où nous nous faisons refouler par les stewards chinois. Nous sommes mieux lotis que les autres : les wagons semblent pleins quand le notre est à moitié vide. Il y a deux wagons de première classe, j'y croise des vieux français qui ont l'air ravi de voir une compatriote. Moi pas, je ne m'éternise pas.
Le passage de la frontière est dans deux heures maintenant, le "tchaka-tchaka" est mon compte à rebours. En attendant, nous jouons aux cartes avec Paul et Wendy.
13h08, heure de Moscou, nous atteignons Naushki pour un long arrêt de plus de 3 heures. Deux douaniers passent dans chaque compartiment et nous prennent nos passeports et cartes d'immigration. Je n'aime pas ça, je veux mon passeport. Ensuite, nous pouvons nous égayer dans la nature pendant une heure ! Chouette ! Sauf que Naushki, c'est pourri, il n'y a rien, que dalle, nada. Nous remontons tout le train à pied le long du quai pour prendre la loco en photo. Plus de locomotive. Je veux mon passeport, Wendy aussi. Paul nous rassure "c'est toujours comme ça, faut pas s'en faire". Soit. Pour faire passer l'angoisse, nous allons donc acheter des chips dans l'unique boutique de la gare. Il n'y a aucune vente ambulante sur le quai. On marche, on discute, on s'assoit, on s'ennuie ferme. Je croise des français, je ne leur parle pas. J'appartiens à la voiture 6 désormais. Attaqués par les moustiques, nous remontons dans le train. Les trois danoises délurées ont profité de l'arrêt pour aller se laver les cheveux dans les lavabos propres de la gare. Futées.
Wendy et Paul ont hérité d'une nouvelle colocataire : la dame qui change les devises. Quelle chance !
Nous sommes chacun dans nos chambres, on attend. Une russe fort sympathique se présente "Narcotics", rentre avec son chien (un cocker) et part en s'excusant. La russe la plus sympathique de mon séjour. Les deux douaniers repassent et nous rendent nos passeport tamponnés. J'ai réussi ! Pas d'amende et toutes mes dents ! On nous fait sortir 15 secondes de la chambre, le temps qu'un douanier soulève les lits. Maintenant, ils fouillent tout le train, vraiment partout. Et c'est l'heure des nouilles !
Naushki
Le train repart à 16h15, c'est la course aux toilettes (elles sont fermées pendant les arrêts en gare).
Partie de carte avec Paul, Wendy, bières chinoises et chocolat. Tout à l'heure pendant une crise de manque, j'ai fait une razzia de chocolat au wagon-restaurant russe.
Au revoir Russie, nous voilà en Mongolie ! Suche-Bator, arrêt d'1h30. Le douanier, mongol cette fois, nous prend les passeports, les fiches, on en remplit d'autres. Le train part en arrière, puis en avant, puis en arrière... On nous rend les passeports, la partie de carte se termine et Stanz est foutu dehors. Personne ne sait ce qu'il s'est passé. Il devait aller voir sa femme et son fils à Oulan-Bator, les mongols n'ont pas voulu de lui.
Le train repart, les toilettes sont prises d'assaut. Je discute avec le vieux suédois aux deux montres (quelle heure il est à Oulan-Bator? Moscow time +4h ou +5h?). Il lit un livre de Jo Nesbo, on cause vite fait littérature nordique ("Do you know Stieg Larsson?" qu'il me demande. Naïf.) Il me conseille de lire Anne B. Ragde, on verra.

Il fait plutôt chaud et les moustiques nous attaquent. Pendant l'arrêt à Suche-Bator, nous avons mis le ventilateur en route pour la première fois.

mardi 30 août 2011

день 3

Réveil en gare de Krasnoiarsk, il est 5h30 à Moscou, je me rendors. 2h30 plus tard, il est midi. Première nuit sans polaire, victoire ! J'ai vaincu le froid sibérien. Ce soir, je tente une seule couverture, défi. Le paysage a changé. Après les longues plaines désolées, place à quelques vallonnements et à plus de maisons j'ai l'impression. Toujours aussi peu pratique de prendre des photos derrière une vitre sale.
En gare d'Ilanskaya, ravitaillement : eau, noodles, et trucs bizarres : sorte de ravioli à la viande, très bon et un genre de pirojki, à la viande aussi. En fait, c'est un peu la loterie, on voit des trucs qui ont l'air bon, mais on ne sait pas trop ce qu'il y a dedans, on achète un peu au hasard.
Le Transsibérien Vladivostock-Moscou entre en gare lorsque notre Transmongolien redémarre : croisement mythique.
Étrange distorsion du temps. Il est 13h30, heure de Moscou. Pour certains c'est l'heure de déjeuner. Les deux vieux suédois sont visiblement à l'heure locale (l'un d'eux à deux montres), ils partent au wagon-restaurant pour dîner. Allez comprendre quelque chose à tout ça...
En fait, les paysages ne changent pas trop. Le temps est couvert, il fait moins froid, ou peut-être sommes-nous habitués au climat. Nous avons parcouru environ 4500 km, sacrée trotte. Plus de la moitié du trajet. Il me reste trois jours de voyage, deux frontières à passer et nous sommes toujours en Russie. Impressionnant.
Fil électrique et arc-en-ciel
Il pleut et les vitres restent sales. Mais, comme partout, après la pluie, le beau temps ! Nous avons droit à un superbe arc-en-ciel, puis des couleurs magnifiques pour la fin de journée.
A Nijneudis, pas grand chose pour ne pas dire rien. Je n'ai pas froid malgré les 14°. Je dis au revoir au couple hollando-australien, ils descendent du train au petit matin à Irkutsk.
Vicky décide d'essayer le wagon-restaurant, Paul et Wendy se joignent à nous. Toujours cette impression de sous-marin en passant les wagons. A peine arrivés, le serveur nous installe et nous donne la carte. Il revient deux minutes après, nous n'avons même pas tout lu. Cinq minutes plus tard, il vient prendre nos commandes, mais nous n'avons pas encore décidé. Excédé, il nous dit "Go back to your wagon, bye". Charmant. Ils sont trop aimables ces russes... Nous attendons longtemps avant qu'il ne daigne prendre notre commande. Tête de lard. Je n'ai pas grand faim, pour moi ce sera crêpes à la confiture ! Bientôt voilà le couple hollandais et Eric, puis Gemma et Scott. La fin du troupeau de suédois s'en va. Tous les jours, à chaque heure locale de repas, un troupeau de vieux suédois de 1ère classe se ramène au wagon-restaurant. Comme il se situe en bout de train, en voiture 4, ils passent devant "chez nous" sans dire bonjour ou s'excuser lorsque nous les laissons passer. Inacceptable.
Ah ben c'était bon
Nous repartons vers nos appartements et invitons Paul et Wendy dans notre compartiment, histoire de passer une bonne soirée loin de Stanz le biélorusse alcoolo bargeot.

Mission pour demain : se réveiller assez tôt pour voir le soleil se lever sur le lac Baïkal.

Jour 2

Réveil à Omsk. 11h30 heure locale, 14h30 heure de Moscou. Vindieu, je crois bien avoir récupéré tout mon sommeil en retard depuis des semaines ! C'est qu'on dort bien dans ce train, le tchaka-tchaka berce, les gros chaos réveillent mais rarement. Je m'étais fait un lit du tonnerre. Les deux couvertures pliées en deux plus ma polaire : impossible d'avoir froid. J'ai dormi comme une souche.
Omsk
La gare d'Omsk est une grande gare bleue claire. La plupart des gares russes sont très colorées, assez surprenant. Mais impossible à prendre en photo : vitres sales, train rapide (ah ah ah!), poteaux, fils électriques...
Le soleil a du mal à percer aujourd'hui, quelques gros nuages noirs.
Ouvrier qui tape sur des trucs
A Barabinsk, Kilomètre 3000, je retrouve le couple hollando/australien, toujours aussi sympa. Nous sommes obligés de traverser la voie pour accéder aux vendeurs ambulants, je n'aime pas ça. C'est notre 10ème gare. Les arrêts en gare durent généralement de 15 à 30 minutes. C'est l'occasion de se dégourdir les jambes et de respirer de l'air frais. On marche le long du quai, on achète ou pas à manger. Pendant ce temps, les ouvriers tapent sur je ne sais quoi tout le long du train et les stewards chinois fument.
La journée se passe tranquillement : lectures, cartes, discussions avec les autres passagers. Moi, digne héritière spirituelle de Daria Morgendorffer, je me sociabilise de mon plein gré. Je m'étonnerai toujours.
Présentation des passagers de la voiture 6 du train n°4 :
Compartiment I : les stewards chinois. Le train est non-fumeur mais c'est totalement enfumé là-dedans. Ils vendent des bières chinoises fraîches pas chères.
Compartiment II : deux jeunes suédois peu causants, rarement dans le couloir.
Compartiment III : Paul et Wendy, mariés, 33 ans, lui anglais, elle américaine, fort sympathique. Malheureusement pour eux, ils sont obligés de partager leur chambre avec Stanz, vieux biélorusse, bourré du matin au soir (et du soir au matin) qui ne parle que russe, personne ne le comprend mais c'est pas grave, il parle quand même.
Compartiment V : Trois jeune danoises étudiantes. Rient fort.
Compartiment VI : Un couple de jeunes hollandais très sympa aussi. Et Eric, un étudiant américain qui dort tout le temps.
Compartiment VII : deux vieux suédois.
Nous ne sommes que 15 au lieu de 30-35. Trop cloolsse. Tous descendent à Oulan-Bator, sauf moi et les deux jeunes suédois qui allons jusqu'à Pékin.
Les vieux suédois mettent de la musique parfois, c'est chouette. Tiens, Janis Joplin, cool !
Je suis assez satisfaite de mon niveau d'anglais, je comprends les gens et ils ont l'air de saisir ce que je leur dis. Le seul que j'ai du mal à comprendre c'est Paul parce que justement, il est anglais.
Après la descente à Novosibirsk (14°, c'est froid !), nous discutons avec Paul, Wendy et la fille hollandaise. Débarquant du wagon-restaurant voilà Gemma et Scott (Awesome !), australiens voyageant en première classe. Les danoises sortent elles aussi dans le couloir et ça cause dans tous les sens. Bientôt, Stanz le biélorusse se lance, mais comme toujours personne ne comprend. Je parle un peu français avec Gemma, c'est amusant et dépaysant. Eric et le couple hollandais vont regarder un film de vampires, Scott achète des bières aux chinois : Stanz est plus que ravi et continue sa discussion à sens unique.

Hier, j'ai commencé "Récit d'un voyage à pied à travers la Russie et la Sibérie Tartare, des frontières de la Chine à la mer gelée et au Kamtchamka". J'ai laissé ce pauvre homme à Nijni-Novgorod, prêt à embarquer sur la Volga et je n'ai pas repris aujourd'hui. Il faudrait pourtant que je continue, histoire de faire le chemin ensemble tant que mon itinéraire me le permet.

Day 1


Putain, quel froid... sibérien. Nuit très froide. Je trouvais ça bizarre qu'on ait des couvertures en été, maintenant je comprends mieux. J'ai donc dormi avec ma polaire, mes couvertures et les couvertures de la
couchette du haut. Sympa !
Réveil à 10h30 à Kirov Pass. Les arrêts dans les
gares sont tout sauf discrets. Les annonces sont hurlées dans les hauts-parleurs de la gare, à en faire trembler une statue de Lénine.
Thé brûlant, rien de mieux pour se réchauffer. On regarde défiler les paysages : des arbres, des arbres, tiens des maisons, des arbres...
Sans téléphone ni Internet pendant 6 jours, mes activités seront : manger, dormir, discuter, écrire, lire et regarder défiler le paysage. Le bonheur quoi !
14h, nous avons parcouru les mille premiers kilomètres, impressionnant, non ? En même pas 24h ! Sur la carte, ça fait quand même pas beaucoup.
ça donne envie, non ?
A Balzino, nous descendons sur le quai. Ventes ambulantes partout. J'achète des pirojkis. Certains vendent des fruits, des salades, carrément des plats, voire même des poissons séchés. Bizarre.
Il fait froid dehors, 17° apparemment, je bénis ma polaire. Mes doigts sont luisants, c'est un peu gras les pirojkis.
Après-midi relax : sieste, lectures, on cause un peu avec Paul pendant que sa femme dort. Vicky m'apprend un jeu de cartes, le continental, sorte de rami je pense, et je gagne (sans tricher). La chance du débutant probablement.
A Perm, il fait 12°. Nous achetons des nouilles instantanées (le classique dans le train, tout le monde mange des nouilles), ça nous réchauffera pour le dîner.
Mon téléphone indique 19h50, ma montre 17h50, saleté de Moscow time ! Nous avons changé de fuseaux, nous sommes à 2h de plus par rapport à Moscou. Mais tout est indiqué à l'heure de Moscou : les horloges dans les gares, les horaires sur les panneaux et les tickets de train, très confus tout ça.
Nous mangeons nos pauvres nouilles devant un coucher de soleil hallucinant Tout est rouge, rose, orange, en feu, c'est incroyable. Très difficile à prendre en photos (putains de vitres affreusement sales !), aucune envie d'ouvrir la fenêtre non plus, il fait 17° dans le wagon. Regarder ce coucher de soleil magnifique, paumée en plein milieu de la Sibérie c'est comme écouter "24-25" des Kings of Convenience : une irrépressible mélancolie et un bien-être absolu à la fois ("c'est à la fois une joie et une souffrance" comme dirait l'autre). Comme beaucoup de leur chanson d'ailleurs ("Winning a battle, losing the war", "Little kids"). C'est un peu l'effet "arc-en-ciel dans mon coeur" de Tchang à la fin de Tintin et le Lotus bleu. D'ailleurs, en parlant de Tchang, bientôt les aventures de Charlotte chez les Pékins ! C'était la remarque raciste du mois.

lundi 29 août 2011

Il est où le train ?

Mardi 23/08/11

Je suis à l'auberge, je trépigne d'impatience, je ne sais pas quoi faire, je tourne en rond, j'ai envie de partir. Je suis tellement nerveuse que je range les quelques bouquins qu'ils ont. Déformation professionnelle. J'engage même la conversation avec Le Finnois pour faire passer le temps. Puis, n'y tenant plus, je décide de partir.
Départ des trains de la gare Iaroslav
Je dis au revoir au Gars Sympa à Lunettes, et le Vieux Japonais Cool me souhaite un bon voyage. La simili-punkette n'est pas là, tant pis, je laisse les clés à côté de l'ordi. Je mets mon sac et, nom de Dieu, c'est juste wouah ! Tous mes livres sont dedans : c'est lourd la culture... Peu importe, en avant, direction le métro ! Putain que c'est lourd, ça me scie les épaules.
Aucun problème dans le métro, tout se passe bien. J'arrive à la gare, je demande si c'est bien Iaroslav, c'est bien la bonne gare. Donc ce truc vert miteux est une gare ? Bon. Ben y'a plus qu'à attendre. Je regarde le flot ininterrompu des gens qui passent dans le soleil couchant (que c'est bucolique). Assise par terre, j'attends. Devant moi, une dame tire un caddie. Une autre s'arrête devant elle, toutes deux discutent. Il y a échange de monnaie puis la dame plonge sa main sacplastiquée pour en ressortir deux pirojkis. Amusant.
Je trépigne, je trépigne. Je décide de m'avancer. Tout d'abord, je vois les mêmes panneaux que cet après-midi, toujours pas de train n°4. Sur l'autre façade, d'autres panneaux. Je vois mon train ! Mais c'est juste un panneau d'information sans indication de quai. Je suis sur la bonne voie. Je continue, et là, au fond, at last, un panneau d'affichage lumineux. Sur la deuxième ligne, le train n°4 pour Pékin, départ 21h35. Alléluia !
Que c'est beau !
Des gens partout assis par terre. Je m'installe à côté d'un couple de sac à dos armé d'un Lonely Planet en anglais. Nous engageons la conversation. Il est hollandais, elle australienne, ils descendront à Irkoutsk, Oulan-Bator et Pékin. Nous échangeons sur notre totale perditude pendant ces quelques jours à Moscou. Soudain, le quai est annoncé, il est juste à nos pieds. Nous nous avançons, pas de train. Puis, lentement, nous le voyons entrer en gare, émerveillés. Ils sont voiture 5, moi 6, nous nous reverrons probablement.


Je suis la première à entrer dans le wagon. Le steward chinois prend mon ticket, il me le rendra à Pékin. Des strapontins dans le couloir, deux prises électriques, moquette, les fenêtres peuvent s'ouvrir, trop cloolsse. Le compartiment maintenant : j'ai le lit du bas à gauche. Il y en a quatre et une table. C'est plus vaste que je ne le pensais. Rangement pour les bagages sous le lit ou au dessus du couloir dans la cachette à clandestin. Il y a un ventilo au dessus de la fenêtre. Je regarde les autres passagers entrer : jeunes touristes européens pour la plupart. Voilà ma colocataire, Vicky de Majorque, qui va jusqu'à Oulan-Bator.
21h35, nous sommes à la fenêtre du couloir avec un vieux russe chemise ouverte pour le démarrage du train. Sentiment de totale plénitude. Le train accélère petit à petit. Au revoir Moscou, bonjour l'Inconnue. Quel bonheur. Ce trajet en train c'est un de mes rêves et je le réalise à l'instant. "Awesome !" comme dirait Scott.
Compartiment IV
Le gentil steward chinois, nous l’appellerons Golden Teeth, nous donne nos draps. Sur les lits du dessus, il y a les oreillers et les couvertures. Juste devant notre compartiment, il y a l'emploi du temps des arrêts en gare. Plus d'une trentaine avant Beijing. Je donne un cours d'emploi du temps à Vicky, puis à à peu près tout le wagon.
Le départ m'a ouvert l'appétit, je décide d'aller en exploration à la recherche du wagon-restaurant. Au bout du couloir, devant le samovar, je rencontre Eric l'américain et Paul l'anglais qui m'accompagnent dans cette découverte. Les portes me donnent l'impression d'être dans un sous-marin. Etrange. Finalement, le resto est assez austère. A peine arrivés, le serveur nous apporte la carte et veut nous faire asseoir ; nous refusons. Un couple est installé, sur la table une assiette de poulet. Un poulet entier.
Nous partons, aucune bouffe à emporter à part des chips, des snacks ou des boissons fraîches.
De retour dans la chambre, Vicky et moi décidons de mettre nourriture et boissons en commun. Et c'est parti pour 5 jours de bouffe à toutes heures ! Elle me sort un truc inédit : du fromage à tartiner Président goût champignon (goût viande existe aussi). J'ai la dalle, ça passe. Elle a vraiment un sacré paquet de bouffe, ça promet !

mardi 23 août 2011

Moscou suite et fin.

Mardi 23/08/2011, jour du grand départ !

ça y est, ce soir à 21h35 (heure de Moscou, c'est à dire 19h35 pour la plupart d'entre vous) c'est parti pour 6 jours et demi de train, 6 nuits, je-ne-sais-combien de fuseaux horaires, 3 pays, quelques milliers de kilomètres. Pas mal.
Aujourd'hui, journée cool, je ne vais pas faire grand chose. Juste aller à la gare, histoire de faire du repérage, et acheter quelques trucs à manger pour le train. Pas beaucoup, inutile de me surcharger et il me reste beaucoup de roubles, j'achèterai de la bouffe dans le train.

Matinée tranquille, je refais mes sacs, je demande au Gars Cool si je peux garder la chambre jusqu'à ce soir. Normalement, les chambres se libèrent à midi. Pas de problème, les prochains arrivent à 19h donc jusque là, ça va.

Le Barge Allemand essaye de me convaincre de m'arrêter sur ma route parce que 6 jours, c'est long. De plus, il y a tellement de belles choses à voir : le lac Baïkal, Ekaterinbourg... Sans doute, mais j'ai pas le temps, j'ai un bateau à prendre et il va pas m'attendre.

Donc, allons prendre le métro : même station qu'hier Kurskaya, même ligne circulaire, mais je pars dans l'autre sens jusqu'à la station suivante. C'est pas bien loin Kosomolskaya. Je réussis à demander deux tickets à la dame, génial ! C'est vraiment grand le métro quand même, très profond, très haut de plafond, des lustres, je vous raconte pas (s'il y a une chute de lustre, on peut compter 20 morts facile) et du marbre. Toutes les deux minutes pile, un métro arrive.

Je n'arrive toujours pas à me mettre dans le crâne comment s'écrit "Sortie", donc je suis les gens qui vont vers le haut. Embouteillage devant les escalators : il y en a un en panne. Dehors, c'est très clairement le bordel. Je suis plus ou moins des gens (il y en a partout des gens, c'est pas pratique) je vois une gare, des uniformes, des guichets dehors et les rails derrières, ça fait bizarre comme gare. J'élude le problème. Premièrement, concentrons-nous sur la bouffe. Le guide parle d'un magasin situé non loin de la gare, où on peut acheter plein de trucs pour le trajet. Lorsque je regarde le plan, je rigole toute seule dans ma tête : il y a trois gares plus ou moins au même endroit. Bon, tout va bien. Je décide de prendre à gauche comme indiqué sur le plan. C'était le bon sens mais pas le bon trottoir. Après avoir remonté toute l'avenue, je trouve un passage piéton et fais le chemin inverse. Je suis au numéro 22, je cherche le numéro 6. Il fait chaud encore aujourd'hui, c'est chouette. Je passe devant un gros bâtiment très laid, en face mon point de départ. Je continue et j'arrive au 4. Tiens, en face de moi une gare, une autre ! Je rebrousse chemin, le truc très laid c'est le numéro 6. J'hésite, puis j'entre.

 
c'est ça le centre commercial. Franchement
C'est donc un centre commercial. Il y a des magasins partout. A l'entrée, un plan avec le nom des magasins, chouette ! Mais en fait pas tant que ça puisque j'y pige que dalle. Je déambule, je cherche, j'essaye de me souvenir par où je suis passée, je monte des escaliers, j'en descends, puis j'abandonne, je ne vois aucun magasin de bouffe. Par contre, j'ai vu des fusils, des kalachnikovs et des très gros couteaux, des sabres aussi. Mais bon, ça déformerai mon sac. Je resors après avoir fouillé plus ou moins les 4 étages.
Passons aux problèmes des gares maintenant. Je traverse la rue de manière souterraine et je parviens à me perdre dans le souterrain. Moi non plus je ne pensais pas que c'était possible. Pour ma défense, c'était un grand souterrain, on peut traverser en long et en large. Je suis rentrée dans un magasin de bouffe (mais c'était pas top), je suis resortie et je savais plus trop où j'étais. Je me suis retrouvée du même côté quelques mètres plus loin.
Me voilà du côté des gares et je me dis que celle-ci a l'air d'être la bonne.

Gare Lénine
Des travaux devant la gare (devant les autres aussi). En fait, il y a des travaux partout dans cette ville.
Bref, sur les portes, il y a des indications en anglais, alléluia ! Derrière les portes, des portiques qui sonnent avec des uniformes noirs et armés. Soit, prenons un air dégagé et en avant. ça sonne, comme pour tout le monde et ils s'en tapent. Départs internationaux, oh yeah ! je sens que je touche au but. Je vais dans le hall et j'ai quand même un peu la dalle depuis quelques temps. J'entre dans un truc, je montre quelque chose, je prends un coca, et voilà. ça va mieux. Je traîne, j'essaye de trouver des panneaux d'affichage, je n'y comprends pas grands chose. Je vois un train numéro 4 (le mien) qui part de Moscou à 23h55, mais bon. Et là, le flash. Vu l'énorme buste de Lénine au milieu du hall de gare, ce doit être la gare Lénine (mes facultés de déductions sont toujours aussi extraordinaires). Or, je pars de la gare Iaroslav. Je me suis trompée de gare.  Élémentaire mon cher Watson. Je vais donc voir l'autre gare, qui est elle aussi en travaux. Je prends une entrée transversale, le hall est plutôt petit, c'est la gare que j'ai vu en sortant du métro. Bon, je commence un peu à perdre patience. Sur les panneaux je ne vois toujours pas ce putain de train.

Gare Iaroslav.
 Derrière, un truc qui est peut-être bien une gare (je commence à repérer le mot "gare"). Etrange, elle est en travaux elle aussi. Ils se sont peut-être dit que ça serait vachement drôle de bloquer toutes les entrées principales des gares pendant les vacances. Qu'ils sont marrant ces russes !

La petite gare au fond
 Mais là, c'est pas possible, c'est vraiment trop petit. De plus, sur les panneaux, les numéros des trains ne vont pas en-dessous de 500 (plus le numéro est grand plus le train est lent).

Je décide donc de lâcher l'affaire. Ce soir, j'arriverai bien en avance et je trouverai sans doute une bonne âme qui m'indiquera le chemin.

La station Kosomolskaya, entre les deux gares
 En attendant, je rentre à pied sans aucun problème d'orientation. J'ai juste failli me faire écraser en suivant des russes hors passages piétons. Je trouve un supermarché, pas mal de produits français, on va faire avec.
Je prends quelques photos, mais c'est compliqué de prendre des photos de bâtiments à Moscou. Si on est sur le même trottoir, c'est impossible parce que trop haut. Sur le trottoir d'en face, on se paye les voitures, bus, et tous les fils (pour les bus, les trams, les pubs...). Photos de merde quoi.



La gare de Kazan, en face


C'est donc mon dernier message avant de prendre le train. Plusieurs questions restent en suspens : Trouverai-je mon train ? Vais-je quitter le territoire russe avec toutes mes dents et sans amende ? Les chinois vont-ils me faire passer la frontière ? Sans compter le passage en Mongolie, dois-je leur faire part de mon millième de sang Gengis Khanien ?

Vous le saurez bientôt dans le prochain épisode !

A la prochaine mes piroshkis !



Little green bag, part II

Oh yeah ! Je l'ai eu ce petit con ! Je l'ai trouvé à la gare Lénine. Je n'y croyais plus et puis voilà, il était là.

 
Je t'ai eu !
Je l'ai pas trouvé par terre, je l'ai acheté. Puis je les ai mangés et je l'ai pris en photo sur le parquet de ma chambre.
Bon, c'est pas mauvais. ça ressemble aux M&M's marrons, ceux qui sont meilleurs que les Smarties. Sauf que dans le paquet vert il y a des M&M's verts clair en plus des verts foncé. Il ont un goût étrange, vu le paquet, je dirai que c'est goût noisette.

Quelle aventure !

lundi 22 août 2011

Message pour les plus de 40 ans et/ou les pas doués en informatique


Comme vous devez vous en douter, j'ai fait quelques photos ces jours-ci et normalement j'en ferai encore. Pour les voir, rien de plus simple. Allez sur le diaporama, à droite, et cliquez sur une photo. La photo s'ouvre dans Picasa. Si vous cliquez ensuite sur mon nom en bleu, vous avez mes différents albums photos avec mes parfois supers légendes.
Voilà.

Little green bag


J'ai un but dans la vie. Certains le savent déjà. L'œuvre de toute une vie probablement : goûter toutes les sortes de M&M's existants.
En France, nous avons : les paquets jaunes, marrons et bleus.
Ce matin, sur le boulevard Krimsky, il y a une petite guérite comme tant d'autres qui vend toutes sortes de choses dont de la bouffe et des bonbons. Et là que vois-je ? Un paquet de M&M's vert, dingue ! Je demande donc des M&M's, elle me donne des jaunes, j'accepte, il est trop tôt pour discuter.
Toute l'après-midi sur mon chemin j'ai vu ces fameux M&M's vert, mais pas un ne les avait en stock, une malédiction vous dis-je. J'ai demandé, montré (pour ceux qui ne comprenaient pas mon anglais), et puis j'ai abandonné après 5 endroits différents. Il y a probablement un complot là-dessous, une enquête ne mérite certainement pas d'être menée sur le mystère des M&M's vert. Mais c'est tout de même très intriguant.... (comme la salade, oui. Comprendra qui pourra).

Moscou, deuxième jour.


Lundi 22/08/10

7h30 a.m. Oh non ! Bon d'accord. Réveil 8h30. Là, c'est mieux. Soleil !
Comme hier, mon temps de démarrage est un peu lent.
Je vois Le Turkmène débarquer dans la cuisine/salon, il a pas l'air bien. Sur la table, il y a sa bouteille de vodka aux 3/4 vide. Ceci explique donc cela.
11h, je me lance, ce matin, je prends le métro ! Quelle aventure !
Sachez qu'aujourd'hui, je ne me suis pas perdue une seule fois. Exceptionnel. Mon programme de préparation a juste été impeccable.

Donc, le métro. Il paraît que c'est très beau, mais interdiction de prendre des photos. J'arrive à demander un ticket à la dame, qui pour me donner le prix le tape sur sa calculette et me le montre. Oui, c'est plus facile. Le russe pour moi ressemble encore à un étrange Gloubiboulga. Escalator très pentu, ça descend très bas. Je prends le bon quai, et en avant. Je n'ai que 4 stations ça va. Bien sûr, je descend à la troisième, je me rends compte que je me suis plantée, fais le tour et prends le métro suivant. Bon, c'est ma seule erreur de la journée. À chaque station, le chauffeur (ou je-ne-sais-qui) annonce le nom de la station justement puis continue à débiter des trucs. Est-ce qu'il fait guide touristique, publicité pour des restaurants ? Je ne le saurais pas, alors je continue de m'inventer n'importe quoi.

L'ambassade de France
Bonne sortie, station Oktabriskaïa. Je ne me trompe pas de côté, et je vois enfin l'ambassade. Quand elle est juste en face de moi. Ça aurait été trop simple que je la repère de loin avec ses drapeaux qui flottent à des kilomètres. Maintenant il faut traverser la voie. Ça, c'est pas de la tarte. Il faut que je continue jusqu'à un passage souterrain. Long boulevard. Me voilà enfin devant l'ambassade, ben putain, ils se font pas chier, c'est pas rien leur truc !
Et puis je me dis "mais comment on fait pour rentrer dans un truc pareil? Je vais pas aller voir le garde armé qui a l'air très méchant et lui dire "I'm french donc this is my pays, you have to laisser moi entrer, pajalousta." Ridicule. Je décide de faire confiance au Gars Cool. Au pire, que peut-il m'arriver ? Ils ne vont tout de même pas me faire sauter les dents au pied de biche ? Je devrai juste payer une amende. Bon.

Je reviens sur mes pas, et je prends le boulevard Krimsky, direction le quartier Arbat. Sacrée trotte, belle promenade. Je traverse un pont vertigineux pour moi, parce que j'ai le vertige. Très belle vue.
À un moment, j'arrive même à déchiffrer un nom de rue, wouah, trop balèze ! Mais je suis perdue dans les sorties cinéma : entre Winnie L'ourson qui dans ma tête n'existait plus, et je ne sais quel film américain en 4D exclusive en aromascope, je trouve ça bizarre...

Comme, mes papiers ne sont pas trop en règle et qu'il faut éviter de donner son passeport aux flics s'ils nous le demandent (selon le Lonely Planet), j'évite tous contacts visuels et prends un air détaché dès que je croise un uniforme. Le problème, c'est qu'il y a des uniformes partout. Et je ne sais absolument pas à quoi ils correspondent. J'ai l'impression d'être dans une mauvaise comédie d'espionnage.

Il y a des trucs écrits tout le temps par terre, mais qu'est ce donc?
C'est vrai, qu'est-ce donc ?

Arbat, enfin une rue piétonne ! Remplie d'attrapes-touristes, certes. J'entends même du Laurent Voulzy ("Belle île en mer...") sortir d'un café.

Me voilà devant ma destination culinaire. Je vais manger chez My-My. Pour être claire, je ne sais pas vraiment ce que j'ai mangé. Sauf les tomates, ça je connais. J'ai fait comme les types devant moi, j'ai pris un plateau, et j'ai montré ce que je voulais en essayant de répondre aux questions. Pas facile. Mais marrant. Beaucoup prennent de la soupe, j'essaierai bien aussi, mais il fait chaud, pas top. En plus, de la soupe rose, ça m'inspire pas vraiment. J'ai mangé un genre de crêpe à la viande, pas trop mal. En cadeau, un bonbon, il faudra que je l'ouvre. Ça a l'air d'être un caramel, je suis pas fan.
Chez My-My (meuh-meuh)








Miam








Je reprends ma route, direction une librairie. Je la trouve sans m'en rendre compte, pas mal ! Un énorme bâtiment qui ressemble à rien et à tout le reste donc. Le truc c'est que comme je ne comprends pas ce qu'il y a écrit et que les bâtiments ne sont que des masses, tu peux rentrer dans une administration, un supermarché ou chez le coiffeur sans t'en rendre compte.
Donc la librairie. Grande, beaucoup de personnel, certains très occupés, d'autres lisent. J'ai envie de m'acheter un livre français en russe, juste pour le fun. Rayon littératures étrangères. Bien évidemment, je n'avais pas pensé au fait que les noms d'auteur sont écrit en cyrillique. Ah ah. Je repère quand même Bernard Werber, Amélie Nothomb, Frédéric Beigbeder, et même Marc Lévy, que du bonheur ! Il suffit d'ouvrir un bouquin et de regarder la première page : le nom de l'auteur et le titre sont écrit en alphabet latin. Finalement, je trouve "Bonjour tristesse", je l'ai pas lu, ça sera l'occasion (ceci est une blague, je ne pourrai pas le lire). Et puis un Dostoïevski aussi. Ce qui signifie que j'ai réussi à déchiffrer Dostoïevski en cyrillique sur un bouquin, wouah. Ou peut-être bien que je me suis plantée, c'est pas grave. J'aurai bien pris un Pouchkine pour que ça aille avec mon aimant, mais j'ai pas réussi à trouver.

Frédéric Beigbeder
Je ne suis pas très loin du Kremlin, j'en profite pour faire tout le tour cette fois-ci, avec le soleil c'est plus agréable. Je remets les pieds au Goum parce que c'est vraiment trop drôle.


Puis je me rentre tranquillement en me promenant dans le quartier Kitaï-Gorod. Impeccable.
Hier, il n'y avait vraiment personne dans les rues. Aujourd'hui, c'est totalement différent, il y a du monde partout. Il y a beaucoup plus de voitures aussi. J'ai bien du mal à traverser. D'ailleurs, on risque un peu de mourir à chaque fois qu'on traverse une rue là-bas. Alors j'attends et dès qu'un russe traverse, je suis.
Je retrouve mon petit supermarché dont j'étais la seule cliente hier. Faute de trouver des M&M's vert (voir message suivant), je tombe sur un Milky-Way rouge. Erreur fatale, c'est juste dégueulasse. Quelle idée de mettre de la fraise enrobée de chocolat. (je suis en train de le manger là, expérience en direct). Je prends aussi des nouilles instantanées pour ce soir, je fais un test. Le Français m'a dit que c'était la nourriture principale à bord du Transmongolien. Et puis, Dieu merci, parce qu'il fait chaud et que tout le monde mange des glaces, je tombe sur un cône au Kit-Kat, et ça, c'est super bon ! Quelle bonne idée de mettre un bâton de Kit-Kat dans un cône !!
Les tours de la Cathédrale Basile-Le-Bienheureux me font vraiment penser à des cônes aux goûts totalement gerbants.

Il est 21h21 et j'assiste à un tour de vodka entre Le Gars Sympa à Lunettes, Le Turkmène et L'Allemand Barge (un nouveau venu) : Porter un toast, boire le verre de vodka (cul sec, bien sûr), manger un cornichon et une espèce de poisson mariné. C'est affreux.

Priviet !

Dimanche 21/08/2011, 8h

Ben putain, je dors mieux dans un train ! Mal dormi, c'est chiant. Pourtant, la chambre est grande, on est que deux pour 4 lits (deux lits superposés). Mais ça grince. A peine je bouge, ça grince. Donc je me réveille dès que je bouge, et je bouge souvent. Je décide de me lever parce que bon, je m'ennuie un peu. J'attends que Le Finnois se lève ce qui ne tarde pas. Le Finnois est arrivé hier soir, peu après moi. Parle peu, bourru, la quarantaine, ressemble à un personnage de Paasilinna, mais pas un drôle.
Voilà, je suis dans la cuisine/salon et j'attends. Il pleut, c'est naz. Je n'arrive pas à sortir. A force d'entendre des "Et surtout, fait attention à Moscou !" me voilà complètement pétrifiée sur mon siège. Le Français est là et lit le guide sur le Transsibérien (le même que le mien et le même qu'il y a déjà ici, laissé par un autre voyageur). Nous discutons un peu. Il vient de pas loin de Toulouse, et a fait le trajet en sens inverse du mien, en s'arrêtant tout de même. Puis vient le Gars Sympa à Lunettes qui m'a aidée hier soir quand j'étais totalement paumée en arrivant. Je prends mon petit-déj avec lui : céréales et lait froid.

D'autres arrivants arrivent (c'est pour ça qu'on les appelle des arrivants ?!) un turkmène, et le remplaçant de la simili-punkette. Appelons-le, le Gars Cool. Le Turkmène me demande mon aide. Il veut envoyer des roses à sa copine mais il ne sait pas de quelles couleurs. Le rouge, elle trouve ça trop banal. Mon pauvre gars, mais les roses, c'est tellement banal aussi... Après vives discussions, il choisit des roses roses et des roses blanches.

10h50 : je me décide enfin à partir. Et là, une fois de plus, sensation de total perditude. J'avance le long de ce long boulevard (le même que le tractopelle), Dieu merci, il y a des passages piétons souterrains pour traverser, et vient un moment où je ne sais absolument pas où je vais. Je m'arrête en traversant un pont et donc un fleuve ou une rivière, la Moskova. Je vois bien qu'au loin les tours ont l'air bien chatoyantes et que cela pourrait être le Kremlin, mais connaissant mon sens de l'orientation aussi fiable qu'un livre épuisée est commandable, je préfère faire demi-tour. J'aurais, bien évidemment, dû suivre mon instinct pour cette fois. Alors, je remarche en sens inverse, je consulte mes plans, et m'aperçoit que oui, c'était bien le Kremlin là-bas au fond, et que sur le plan fourni par l'auberge de jeunesse, il y a écrit Kremlin avec une flèche indiquant la direction. Soit. Mettons ça sur le compte du manque de sommeil.
Il est vachement long ce putain de boulevard, et ces passages souterrains sont parfois assez glauques. Je suis aux aguets, dès que quelqu'un me double, je suis prête à lui infliger une prise de karaté digne de Jacques Tati. Non, tous les russes ne sont pas des méchants mafieux ou des pickpockets. Il faut que j'arrête d'être paranoïaque. La faute à James Bond aussi.

Je repasse devant l'auberge de jeunesse, je ne m'arrête pas ; maintenant, je sais où je vais. C'est pratique, c'est tout droit. D'abord, prendre des repères : je sors de l'auberge je tourne à gauche, je passe devant l'église rose, puis devant le pompier momifiée, je tourne à droite au bâtiment bleu délabré, et ensuite tout droit. Sur le chemin un Subway, un McDo, ok, enregistrés.
Les trottoirs sont un peu défoncés quand même, il y a plus d'un trou d'eau ; d'ailleurs le bas de mon jean est juste trempé. Tout est assez grand et massif, impressionnant (si j'ose dire). Pas grand monde dans les rues le dimanche matin. Peut-être la faute à la pluie aussi. Et enfin apparaît le Kremlin et tout le tintouin (quelles rimes! On passe au niveau CM). 

Cathédrale Basile-Le-Bienheureux
















Bon, ben là, la place rouge est loin d'être vide (désolée Nathalie). Pas mal de monde, mais les touristes européens ne sont pas en majorité. Beaucoup de russes, d'ouzbeks, de turkmènes, de kazakhs...
De quelle manière puis-je différencier tous ces gens vous demandez-vous ? C'est très simple. Mon incroyable capacité d'adaptation, mon apprentissage rapide du russe (en quelques heures, à peine) et mon ouïe hors du commun. Le tout combiné, je réussis à distinguer les différents accents, dialectes, langages de ces contrées lointaines.
Le fait que Galina m'ait fait un topo sur les touristes à Moscou est certainement plus crédible que tout le reste.


Bref, je marche, je prends des photos, il ne pleut plus, mais le temps est toujours pourri. Tout est cloolsse. Quand soudain, plus de batterie. Rapidité, efficacité, changement de batterie. Batterie vide. Je m'étonnerai toujours. Tant pis pour vous, moi j'ai tout dans la tête.
Je ne suis pas rentrée dans le Kremlin parce qu'il y avait du monde, il faut payer, tout ça tout ça. De toute façon, il y a beaucoup de choses à voir à l'extérieur quand même.

GOUM
Je me promène au GOUM, galerie marchande de boutiques de luxe, mais pas que : il y a aussi une fontaine, des bancs, des vélos, deux Audis, le costume de cosmonaute de Youri Gagarine et plein d'autres trucs. Et puis je me rentre tranquillement sous la re-pluie, par le même chemin (ras le bol de me perdre, je comprends déjà rien aux noms des rues ! Il me tarde Pékin et la Corée, ça risque d'être funky. Je prendrai des bobines de fil). Je suis fatiguée et j'ai mal aux jambes.

Sur mon lit (quel bonheur de s'asseoir ! Le train me manque...), je prépare mon programme de demain, il faut que je sois plus organisée.
Dans la cuisine/salon, je retrouve le Gars Sympa à Lunettes, nous discutons. Au cours de cet échange, et suite à une question de mon interlocuteur sur la classe de mon billet de transmongolien, mon regard tombe sur la section visas du guide de voyage. J'y lis que je dois me faire enregistrer le visa dans les sept jours suivant mon arrivée en Russie et que je ne dois surtout pas perdre le volet b de ma carte d'immigration qui m'a été remise lors de mon arrivée en Russie.
Petit problème, non négligeable, aucune putain de carte d'immigration ne m'a été remise à mon arrivée en Russie. Je panique un petit peu toute seule en mon for intérieur, pendant que le Gars Sympa à Lunettes est à l'ordi. Mes recherches Internet s'avèrent infructueuses, à chaque fois, je tombe sur "surtout ne perdez pas votre carte d'immigration". Google de merde. J'appelle l'ambassade (aux grands maux, les grands remèdes), "l'ambassade de France est actuellement fermée" hé hé hé...
 Soit.

Cathédrale de Kazan

Le Gars Cool revient de faire les courses. Hier, en arrivant je n'avais pas pu payer parce que je n'avais pas de liquide et qu'ils ne prennent pas la carte. La simili-punkette a dit "oh c'est pas grave, tu paieras plus tard". En revenant de mon périple Kremlinois, un beau billet de 5000 roubles en poche, le Gars Cool a dit "oh, j'ai pas assez de monnaie à te rendre. On verra ça ce soir ou demain" Bon, eux ils s'en font pas.

Donc, le Gars Cool revient de faire les courses. J'entends un truc ressemblant à "charrrllout", je me dis que ça m'est peut-être adressé. Il a de la monnaie, je peux enfin régler ma note. Je lui fais part de mes inquiétudes quant à mes problèmes administratifs russes. Lui ne s'en fait pas. Si je ne reste pas plus de trois jours ouvrés à un endroit, j'ai pas besoin de me faire enregistrer. Et la carte d'immigration c'est celle qu'on m'a remise en Biélorussie. Comment aurais-je pu le comprendre nom de Diou de bon Diou !?!! Ils m'ont jamais expliqué ça les douaniers ! Peut-être que si, mais en russe à 4h, moi je comprends rien. Le Gars Cool me dit qu'avec une petite rature, ça devrait faire l'affaire (forcément, j'ai pas mis les bonnes dates). Je suis rassurée, il me sauve une belle épine du pied, je lui dois une fière bretelle. Pour plus de sûreté, j'irai à l'ambassade demain matin. Si c'est fermé, et bien, advienne que pourra, je crois que j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir. J'ai fait le maximum. À ce niveau là où on en est je crois qu'on peut dire "à la grâce de Dieu" et allez.

Le Turkmène rentre vers 22h avec un sac de courses qu'il range au frigo : une bouteille de Vodka (genre 1,5-2 litres) une petite bouteille de jus de fruits et une autre grosse bouteille d'alcool inconnu au bataillon. Puis, il me pose une question que suis incapable de comprendre : il mélange mauvais anglais (avec un accent terrible !) et russe. Devant mon incompréhension, il appelle sa sœur qui a fait l'école anglaise (?). Mais ça ne répond pas. Le Français qui est à l'ordi essaye d'intervenir pour aider et on finit par comprendre grâce à un traducteur automatique en ligne. En fait, il s'avère que Le Turkmène voulait savoir s'il pouvait utiliser les verres et les tasses. Bien sûr que oui, mon gars ! Donc il nous propose de boire avec lui parce que sa copine l'a quitté. Il a dû se planter dans le choix des fleurs. Je refuse et je vais me coucher. Je les entends discuter, c'est pas triste ! Le pauvre Turkmène s'épanche en cherchant ses mots. Heureusement le Gars Cool est là et fait office de Google Translate. Je plains Le Français...






samedi 20 août 2011

C'est parti !

Déjà à Paris, j'étais dépaysée. Quand le quai du train a été annoncé, je n'étais pas la seule à m'avancer. Long train. La première partie s'arrête à Munich. Je parviens à trouver le wagon 290 entre le 116 et le 105, faut pas chercher à comprendre. Deux contrôleurs/stewards bloquent l'accès et ils sont pas habillés SNCF. Les passagers leur tendent les tickets avant de pouvoir monter, je les imite. Mais le grand contrôleur russe qui fait peur me demande je ne sais pas quoi. Devant mon air désespéré, il me demande mon « passeport » en roulant les r et les yeux. Il vérifie mes visas et je peux monter. Je trouve mon compartiment. Trois places assises, un strapontin en face, un coin de table et une sorte de placard réfrigéré. Je vois bien que les lits ont l'air d'être dans le mur et que les fauteuils sont escamotables, mais j'ai du mal à saisir l'ensemble. Je crois que je suis déjà un peu « lost in translation » tout est écrit en russe partout (ou en allemand, ce qui ne m'aide pas trop), tous les passagers sont russes. Puis mes deux « colocataires » arrivent, un peu en panique, elles ont failli louper le train. Galina (la tante) et Natacha (la nièce), la soixantaine et la quarantaine. Dieu merci, Galina parle français, ce qui va beaucoup m'aider quand même.
Facile à comprendre finalement.
Je me promène dans le couloir, une dizaine de portes, 3 par compartiment. Je regarde les panneaux, je ne comprends pas. Je tombe sur le panneau des temps d'arrêts en gare, intéressant mais j'ai du mal à tout saisir. Andreï le gentil contrôleur tente de m'expliquer, il parle anglais aussi bien que je parle allemand, c'est pas gagné. Une gentille passagère, entendant notre dialogue de sourds, fait l'interprète. En gros, demain matin, on arrive à Berlin à 9h, on peut aller se balader, mais il faut revenir à 15h et le train aura changé de numéro. Soit.
Galina et Natacha dînent, elles adorent les produits laitiers frais français, tellement meilleurs qu'en Russie. Donc fromage blanc, fromage, lait. Galina ne comprend pas pourquoi en France le thé est plus cher que le café alors que c'est juste de l'eau chaude. Ben ouais. D'ailleurs, eau chaude gratuite à volonté dans le local à côté de la « chambre » du steward, cool.
Natacha m'offre du thé que j'accepte, puis des biscuits que je refuse poliment. Elle a l'air de faire la gueule, c'est donc vrai qu'il ne faut jamais refuser ce qu'on nous offre...
Ben non, c'est pas trop étroit...
Andreï déplie les lits ; c'est vachement facile de faire son lit en équilibre sur une échelle, c'est moi qui vous le dis ! J'arrive enfin à me coucher, un sentiment oppressant de claustrophobie m'envahit, il fait une chaleur étouffante, si je lève le genou je touche le plafond (je sens que quelqu'un va me dire « ben t'as qu'à pas lever le genou », certes.), je ne sais pas comment je vais tenir. La clim' se met gentiment en route et m'aide à m'endormir, parfait.

Réveillée à 7h30 parce qu'il fait jour et que les stores ne sont pas baissés. Andreï vient nous voir pour nous expliquer l'arrêt à Berlin. Galina me traduit : il faut revenir à 15h et chercher le train 443. Rien que je ne sache déjà. Andreï est inquiet, il a peur que je me perde, que je ne comprenne pas ou que je ne revienne pas à temps.
Mémorial aux victimes de la Shoah.
9h, point de Berlin. Nous arrivons finalement à 9h52, bravo la ponctualité ! Berlin me voilà ! Ben nom de Diou de bon Diou, c'est une grande gare quand même ! (Désiré Maucette, sort de là!) Me voilà dehors. Je vais où maintenant ? Balade sympa, il fait bon, un peu orageux, Reichstag, porte de Brandebourg, mémorial aux victimes de la Shoah, petit déjeuner chez Starbucks (bouh!), et promenade dans le parc et le long de la Spree. Je retourne à la gare, histoire de visiter. Je rentre dans un Virgin, je vais voir les bouquins et là, c'est le drame, je vois une pile de Guillaume Musso, le téléphone sonne, c'est la même sonnerie que celle du 1er étage de la librairie D. Tu parles d'un dépaysement ! Je sors du Virgin.

Le train repart avec 10 minutes de retard, inacceptable. C'est l'heure du goûter, Galina m'offre le thé, je leur propose des cookies au chocolat (« oh, chocolat ! »), aussitôt Natacha me tend la boîte de biscuits apéro Belin. Euh... bon, pas le choix. Puis vient l'heure de la sieste. Je préfère bouquiner peinard (« Même les cow-girls ont du vague à l'âme ») en regardant défiler les paysages polonais. D'ailleurs, c'est pas facile facile de prendre des photos du train. Il faut avoir le rythme des poteaux dans la tête. Un peu comme le clip réalisé par Michel Gondry pour je ne sais plus quel groupe. Ça me rappelle le rythme des « bip bip » aux passages piétons berlinois, ça collait avec « Put the lime in the coconut »

(J'ai retrouvé le clip http://www.youtube.com/watch?v=Bv5o9sURhQs)

Galina m'explique que jamais ils ne sont trois dans les compartiments, même si c'est fait pour trois. Tu m'étonnes que j'ai eu du mal à l'acheter ce putain de ticket !


Samedi 20 Août, 3h10, Toc toc du contrôleur qui fait peur avec sa clef à lit. Nous sommes à Brest : changement des boggies et contrôle des passeports. Premier passage, le douanier vérifie à peine mon passeport. Puis arrive la dame en uniforme de je-ne-sais-quoi qui me demande (en anglais après une tentative en russe) d'où je viens, où je vais, pourquoi, si j'ai quelque chose à déclarer (rien excepté mon génie). Des militaires passent dans le couloir, deuxième contrôle des douaniers qui cette fois prennent les passeports et me donnent une fiche d'immigration à remplir. Le contrôleur nous rend les passeports et prend un volet de la fiche d'immigration. Il est 4h30, on peut se rendormir maintenant. Je serai bien allé voir le changement de boggies, mais bon, il fait un peu noir.
En fait, on dort bien dans les trains.

10h50, arrivée à Minsk. Je descend sur le quai me dégourdir les jambes, il fait frais, ça fait du bien. Je regarde les paysages défiler, c'est hypnotisant le train.

Hier, alors que Galina était assise sur son lit, le lit de Natacha est descendu de quelques centimètres, heurtant la tête de Galina. Elle a eu très mal. Je lui ai proposé un Efferalgan qu'elle a pris. Après je me suis dit que c'était peut-être pas conseillé avec tous les comprimés qu'elle prend déjà, mais bon.
Aujourd'hui, elle avait toujours mal (mais elle était en vie, victoire !) et avait des nausées, alors un médecin est monté pendant notre arrêt à Viezma. Elle m'a expliqué qu'elle a eu un « trésaillement du cerveau » et qu'elle devait avoir 10 piqûres. Malgrè mes 15 années d'« Urgences » et mes 7ans de « Dr House », j'ai pas tout compris. Il me faudrait l'avis éclairé d'un neurologue.

20h35, enfin Moscou !! Natacha m'offre un Pouchkine aimanté, je leur dis au revoir, salue ce cher steward Andreï et me voilà lâchée en pleine gare. Je prends un taxi non-officiel qui parle pas un mot d'anglais parce que je suis une pauvre touriste paumée. Heureusement que j'ai le plan de l'auberge de jeunesse, sinon, il sait pas où il va. Putain de 2x5 voies en plein centre-ville, et au-milieu, roule un tracto-pelle.

J'arrive à bon port, sous la bruine, deux touristes qui viennent de sortir de l’hôtel m'indiquent que c'est bien là, il faut que je monte. Personne de la maison, deux jeunes sur leur ordi qui me dise d'attendre, elle doit être quelque part. J'attends. Arrive une simili-punkette gentille, c'est une des gérantes.
Voilà, j'ai enfin un lit digne de ce nom (plus ou moins) et une ligne Wi-Fi gratuite, la vie est belle.
Demain, je mets des photos, ou ce soir si je dors pas. Il est déjà 22h tout de même (quel décalage!)


Au début




A la fin