Je fais les mêmes blagues
si je veux !
La première escale était
Napier, en Nouvelle-Zélande. Mais nous sommes arrivés à 22h pour
repartir à 6h, j'ai pas trouvé tellement d'intérêt à descendre.
Les passagers retournent
chez eux, un nouveau passager et un nouveau Capitaine arrivent.
Napier |
Deuxième escale, deux
jours plus tard, Tauranga, Nouvelle-Zélande également. On y arrive
à 23h et on ne sait pas tout à fait quand on repart. Le lendemain,
au petit-dèj, on est toujours à quai, on
devrait partir entre 16h et 19h30 ce qui me laisserait la possibilité
d'aller faire un tour à terre. Je croise le
nouveau capitaine, je lui demande si je peux et quand je peux
descendre. Il m'explique tout plein de trucs, et me dit que je peux y
aller maintenant, il faut juste que je sois revenue à fourteen
hundred (il vérifie avec le Chief Officer), je dois laisser mon
numéro de portable au cas où (mais le 3rd Officer l'a
déjà) et puis un des membres d'équipage doit m'appeller le shuttle
bus. Il me souhaite une bonne journée et je me casse. Sur le Main
Deck, un marin me fait remplir et signer le registre et un autre
m'appelle la navette pour dans 10 min. Il est 8h55, cool !
Dehors, ça bosse à plein depuis plusieurs heures. Des grues géantes
de partout, des machines roulantes bizarres, des containers qui
volent, un camion essence qui rempli le cargo, et derrière un
labyrinthe de containers ; bref un vrai bordel organisé. On
m'autorise à descendre la passerelle, ensuite je suis la ligne jaune
pour ne pas me faire écraser par quelque chose (d'ailleurs,
difficile de prendre le cargo en photo depuis les quais, pas assez de
recul) et me voilà à l'arrêt de bus. J'attends, j'observe, je me
fais un peu chier, il est 9h15 et il n'y a personne. Je me dis qu'il
m'a oubliée, je rappellerais bien, mais j'ai pas de forfait, je
marcherais bien mais je crois que c'est interdit, donc j'attends
encore. 5 minutes plus tard, arrivent Bob et sa camionnette. Il est
trop sympa Bob. 65 ans, policier à la retraite, il travaille au port
pour arrondir ses fins de mois. Il me demande où je veux aller, ben
je sais pas trop. Alors il me conseille « Tauranga n'a rien de
particulier, c'est juste une ville avec des magasins sans intérêt,
mais de l'autre côté du pont tu peux aller à Mount Maunganui,
c'est très joli. » il a même un plan et tout, Bob fait aussi
office du tourisme « alors tu peux faire le tour de la montagne
(Mauao), c'est beau, j'y vais souvent avec ma femme et mes deux
petites-filles. » Il y a aussi une marche qui mène au sommet à
ce que je vois « oui mais bon non, en tant qu'ex-policier, je
te conseillerai de ne pas y aller seule » ça me paraît
bizarre comme histoire mais bon. On passe dans une partie du port où
il y a du bois partout et en quantité astronomique : des troncs
petits, grands, des planches, entassés partout, sur des camions, ça
sent vachement bon le bois.
Mauao |
Bob me dépose donc de
l'autre côté du pont, toujours dans le port (c'est un peu bizarre
comme truc mais très compréhensible quand on a une carte.) Il
reviendra me chercher à 13h30, trop cool Bob !
Le temps est pas mal
couvert mais tant qu'il pleut pas tout va ! Voilà donc Mauao,
ancien volcan éteint, autrefois habité par une tribu Maori. Autour
de la base de la montagne, à certains endroits, il y a des
coquillages blancs. Pas parce que le volcan était sous l'eau. Les
habitants de Mauao ont placé ces coquillages pour entendre les
tribus ennemies approcher. C'est ce que Bob m'a dit.
La marche est facile,
agréable, il y a pas mal de monde, certains courent, la plupart
marchent. Je croise des moutons et des agneaux (mignons les
côtelettes!) et même un petit lapin, ça c'est de la nature sauvage
néo-zélandaise ! Je ne vois pas d'oiseaux très colorés comme
en Australie.
j'ai faim |
Une fois le tour fini,
j'hésite à grimper au sommet, le chemin est juste devant moi et
quelqu'un commence « l'ascension » (c'est pas non plus
super haut). Le destin décide pour moi, il se met à pleuvoir. Je
marche sur la plage, le sable n'est pas vraiment doré, plutôt
marron/noir. La pluie s'intensifie, je me réfugie dans un magasin
quelconque. Une fois l'averse passée, je continue vers la seule
piscine naturelle d'eau chaude salée de l'hémisphère Sud. Je m'en
vais ensuite vers le « centre-ville ». Arrêt à la
banque, je change quelques dollars australiens pour des dollars
néo-zélandais. J'aime bien la pièce de 0,10$. Putain, il y a un
pingouin sur le billet de 5, j'adore ! Il pleut pas mal, je vais
dans un Internet café, je vérifie mes mails mais d'abord ils me
demandent si je suis bien moi parce que je me connecte d'un endroit
vraiment bizarre. C'est chiant la sécurité parfois.
J'arpente les rues de
Mount Maunganui, à la recherche d'un supermarché. Il repleut. Je
m'abrite dans un magasin de bouffe, at last ! J'achète un
paquet de cookies et un chocolat néo-zélandais. Tiens, un Burger
King ! C'est fini Hungry Jack's...
Il fait beau maintenant,
ça change, je continue mon chemin dans la seule rue commerçante de
la « ville ».
Je reviens tranquillement
à mon point de départ, je passe par un joli petit parc, je suis un
peu en avance, je m'installe devant la security gate sur un banc au
soleil et j'essaye de lire le journal gratos mais c'est très venté.
Bob est aussi en avance, ça tombe bien ! On revient doucement
vers le Matisse. Il me demande si j'ai passé une bonne journée, si
je suis montée au sommet. Et finalement il m'avoue qu'il y a
quelques années, une jeune touriste anglaise a été assassinée par
un type au sommet de Mauao. Ah d'accord ! Et puis il continue de
parler, de me poser des questions, quelle pipelette ce Bob !
13h40, me voilà pas loin du Matisse, Bob me dépose, adieu Bob,
merci pour tout !
La plage |
Je suis la ligne jaune,
j'attends qu'un container vole avant de passer en dessous pour
accéder à la passerelle. J'ai bien fait, il a fait tomber pas mal
de flotte en passant.
Je dis adieu à l'ancien
Capitaine, c'est le terminus pour lui.
Au final, on a quitté
Tauranga à 20h30, mais bon ils peuvent jamais trop savoir à
l'avance...
Manzanillo, de l'autre
côté du canal de Panama, première escale après 15 jours d'océan
Pacifique. On y arrive vers 21h pour repartir vers 5h. Je dors
avant même qu'on ne soit à quai.
L'ancien Chief Officer
termine son contrat, le nouveau Chief Officer monte à bord.
L'escale à Kingston,
Jamaïque, est annulée, on a pris trop de retard. De toute façon me
dit le nouveau Capitaine, c'est trop dangereux. L'ancien Capitaine
était content qu'on y stoppe de nuit, il m'avait conseillé d'aller
au super night-club d'Usain Bolt. Euh...
Savannah, États-Unis.
15h15, je suis au Bridge, je vois la côte, le pilot débarque à
l'heure dite, ça change. C'est assez long en fait l'arrivée sur
Savannah, mais c'est pas grave, il fait si beau c'est agréable.
J'aperçois même quelques dauphins au début de la Savannah River.
Beaucoup d'oiseaux que je ne sais pas ce que c'est. Il y a pas mal de
papillons également, en arrivant près de la ville. Je reste
longtemps sur le Monkey Island, belle vue. À un moment, je prends
peur, je vois un papillon géant pas loin. Le temps que mon cerveau
comprenne tout, c'était en fait une mouette... le soleil doit taper
sévère.
papillon pomme |
Le deuxième pilot arrive
pour aider à la manœuvre de parking. Je sais pas comment fait le
marin pour entendre les ordres, les 2 pilots discutent ensemble et
glissent les ordres au milieu de la conversation sur le même ton
comme si de rien.
Il est 18h30 lorsqu'on est
garé, moi je suis crevée, je rentre chez moi. Je sais vraiment pas
si je veux aller à Savannah, les États-Unis c'est pas un pays qui
me fait envie. Ça me ferait même plutôt peur, je ne me sens
bizarrement pas à l'aise dans un pays où on peut se promener avec
des armes à feu sans problème.
19h, je sors de chez moi
pour aller dîner mais Roman, Freddie le cuistot et deux autres
marins sont dans le couloir devant la salle des passagers. C'est
apparemment là que se fait le contrôle des douanes. Bon ben je
rentre dans ma chambre et j'attends. J'ai dû remplir des fiches
cette aprèm juste pour deux escales de quelques heures, je hais la
paperasse. Un des douaniers me cause deux mots, il a l'air sympa.
Vient mon tour, j'arrive dans la salle: l'agent portuaire dans un
fauteuil, le douanier sympa debout, un autre douanier, plus jeune,
l'air gentil debout également, le Capitaine assis en bout de table,
un douanier effrayant à l'autre bout, c'est évidemment lui qui fait
le contrôle. Il est plutôt jeune, il a le regard mauvais et des
tatouages plein les bras... Il fait durer mon contrôle avec plein
de questions inutiles, j'aime pas ça du tout du tout du tout. En
plus je lui mens « vous êtes allée dans des fermes en
Australie ? » « Non. » Finalement il me rend
mon passeport, le Capitaine m'apprend que je peux descendre si je
veux. L'autre passager me demande de l'attendre, il va à terre également.
Dauphins de Savannah |
Il faut qu'on appelle le
responsable de la maison des marins de Savannah qui peut nous
conduite là-bas. Mais personne ne sait où est l'unique conducteur,
donc on sait pas quand il arrive. Super. Il est 20h, on doit revenir
à minuit. Finalement, le conducteur est dans le crew's messroom. Ah
bon ? Et ben on y va alors ! C'est un gars sympa, un
philippin. Roman, le cuistot et d'autres gars chargent les provisions
à bord, dehors c'est un ballet de n'importe quoi, des lumières, des
sons, des grues... Il nous emmène au seaferer's mission. Il nous y
dépose, on a le wifi gratuit (il nous avait prévenu, on a pris nos
laptops!). J'ai l'impression d'être une droguée en manque.
Avant Savannah |
Le gentil conducteur
revient avec 4 marins : Roman,
Freddie, un gars de la salle des machines et un indien. En route pour
le Walmart ! Amérique, me voilà ! Savannah, la nuit, ben
en fait on visite la Zone Industrielle je crois. Il est 21h30, on
repart à 23h. Putain, y'a des m&m's et des paquets de friandises
partout, c'est le paradis de l'enfer cet endroit ! Ensuite, en
voyant des déguisements en vente, je percute : c'est bientôt
Halloween, d'où les paquets de chocolats pas cher... Des m&m's
inconnus ! Certes, à la framboise. Au début je ne les prends
pas. Puis je me suis souvenue de mon destin : « tous les
m&m's tu goûteras » bon d'accord... j'en trouve également
au chocolat blanc je crois. Un paquet de m&m's peanuts et des
Kit-Kat, ça suffit.
Arrivée sur Savannah |
Évidemment, je suis
obligée d'aller chez McDonald's. Pour mon premier et dernier jour
aux States, je ne peux pas ne pas manger là. Même si j'ai déjà
dîné. Un menu Big Mac, s'iou plaît ! Putain,
mais j'ai même pas faim en fait. À la télé, je vois qu'il fait
67° à Savannah. Ben dis donc. Ici c'est nous qu'on se sert et qu'on
se ressert à boire, pratique. Donc je goûte une gorgée de chaque.
Je retente le Dr Pepper que j'aime pas, mais on sait jamais. Ben
j'aime toujours pas, étonnant, non ? Puis un truc jaune, un
truc rouge et pour finir un truc bleu. C'est immonde, mais ça fait
joli dans mon gobelet en carton.
On attend les autres avec
le gars de l'Engine Room, il est cool, il a acheté plein de chips et
de chocolat. Roman revient avec une télé 32 pouces. Il débauche à
Rotterdam (ça fait presque 9 mois qu'il est à bord) donc il voulait
se payer un cadeau avant de rentrer et aux E.-U. c'est moins cher
qu'en U.E. Le cuistot quant à lui ça fait que 2 mois qu'il est à
bord, il termine en mai. Putain, c'est long... On est tous de retour
à la voiture, sauf l'indien qui se fait gentiment (je suis pas sûre)
charrier avant et après son retour. Mais c'est qu'il a l'air
grandement à la masse quand même. Retour au port, devant le
Matisse. En sortant et en rentrant au port, on s'est bien fait
checker les identités. Les passagers ont droit à leur passeport,
pas les membres d'équipage, ils ont leur pass du bateau et c'est
tout. Ils ont peur qu'ils se fassent la malle ou quoi ? Le
Matisse est bien bas, c'est marée basse, et c'est un peu Noël. Il y
a des lumières de partout : les grues, les camions, les
bateaux... On remercie le chauffeur et on remonte à bord par la
super passerelle qui est presque horizontale tellement c'est pas
haut. C'était donc la première fois que je mettais les pieds aux
USA, quelle aventure. J'ai vu le principal : un McDo, un
Walmart, un train. Il manque juste les armes à feu.
Philadelphie, toujours les
États-Unis. Je trouvais ça long l'arrivée sur Savannah (un peu
plus de 3h) et ben j'avais rien vu ! Philadelphie c'est pas tout
près de l'Océan, on a passé plus de 7h sur la Delaware River !
Bon le pire apparemment c'est pour aller à la Nouvelle-Orléans, 12h
sur le Mississippi. Le pilot était un gars sympa, il m'a annoncé
des dauphins mais trop tard. Par contre j'ai bien vu le faucon ou
l'aigle qui a fait un bout de chemin avec nous. Pas grand chose de
transcendant en plus il fait même pas beau et nettement plus froid
qu'à Savannah. J'écoute de loin les histoires que se racontent le
pilot et le Capitaine. À savoir que pour être pilot, il faut avant
tout être Capitaine et avoir passé 10-15 ans en mer. Donc, quelques
histoires du bon vieux temps jadis où ils stoppaient des semaines en
Thaïlande, au Vietnam ou aux Caraïbes. Ils avaient le temps de voir
du pays, de se faire des amis. Mais ce temps-là est révolu.
le faucon/aigle |
On est garé à 20h45,
deux gars des customs montent à bord, ils sont vachement plus sympas
qu'à Savannah. L'un des deux me demande mon passeport et me le rend
après une rapide vérification, me cause deux mots de français. Il
y a donc le Capitaine, le 3rd Mate, les deux officiers et
l'agent du port. Je les regarde tous s'occuper de la paperasse, un
vrai délice. J'ai parfois l'impression qu'eux même ne comprennent
pas ce qu'ils font. Les douaniers ont une boîte remplie de tampons encreur, trop fendard ! Ils se passent des papiers, demandent
des copies, des signatures, des explications « c'est quoi ce
papier ? », c'est génial. Donc là on est 22 à bord + 2
passagers + un gars de la compagnie qui a fait des vérifications de
sécurité entre Savannah et Philadelphie. Le gars + 1 passager vont
descendre mais un nouveau marin va monter à bord, on sera donc 24.
Les customs s'en vont vers 21h30. C'est en feuilletant mon passeport
que je m'aperçois que je ne suis jamais sortie d'Australie. Ces
tanches n'ont pas tamponné mon passeport lorsqu'ils ont vérifié
mon identité à Melbourne...
Philadelphie by night |
J'apprends que l'ouragan
Sandy est en train de débouler par ici, ça tombe bien, on se barre
fissa.
Cette fois-ci, je reste à
bord, on repart à 5h. Ça ne me tente vraiment pas d'aller me
balader dans les rues de Philadelphie pour quelques heures en pleine
nuit. Moi je voulais voir New-York c'est tout. Mais de toute façon,
un jour j'irai à New-York avec moi. Soit en train dans quelques
dizaines d'années ou alors avant ça en cargo.
Le passager s'arrête là,
me voilà maintenant seule passagère à bord ! Je vais donc
manger seule à tous les repas.
Escale à Tilbury,
Angleterre, annulée. On file droit sur Rotterdam
Rotterdam, Pays-Bas. On
arrive avant minuit, je reste chez moi. Le lendemain matin, j'hésite
à sortir mais il fait un froid de canard et je n'ai qu'un pull...
Finalement, j'ai bien fait de rester, on était censé quitter le
port à 14h et nous sommes partis à 11h30 ! Tout à fait, il
est possible de rater un cargo, ils ne peuvent pas attendre, peu
importe qu'il y ait des passagers ou des marins à terre. Roman
retourne chez lui après 9 mois à bord, soit 3 allers-retours entre
l'Australie et l'Europe. À bord, nous avons donc un nouveau messman,
un nouveau frigoman et un nouveau 2nd Engineer. Demain, le
2nd Engineer et l'électricien rentrent chez eux. L'ancien
frigoman est promu nouvel électricien et reste 3 mois de plus à
bord, dur, dur...
Rotterdam au petit matin |
Mon dernier dîner à bord
est très joyeux, 8 autour de la grande table, ça rigole, ça
bavarde, mais bon, moi je suis toujours seule à ma petite table.
Pour une fois, ils parlent anglais (il y en a 2 qui ne sont pas
roumains) et j'écoute leur discussion. Ça cause de grues, de
câbles qui lâchent, de voiture volante, de marin ukrainien bourré
(ce qui est apparemment un pléonasme), et puis ils font des gestes
que je vois pas pour bien saisir l'ensemble de l'histoire et tout le
monde rigole. Moi, il me manque des morceaux alors ça me fait pas
rire. En plus, je voulais prendre la pizza en photo, et ben c'est
même plus la même qu'avant !
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