La boucle est bouclée

samedi 20 août 2011

C'est parti !

Déjà à Paris, j'étais dépaysée. Quand le quai du train a été annoncé, je n'étais pas la seule à m'avancer. Long train. La première partie s'arrête à Munich. Je parviens à trouver le wagon 290 entre le 116 et le 105, faut pas chercher à comprendre. Deux contrôleurs/stewards bloquent l'accès et ils sont pas habillés SNCF. Les passagers leur tendent les tickets avant de pouvoir monter, je les imite. Mais le grand contrôleur russe qui fait peur me demande je ne sais pas quoi. Devant mon air désespéré, il me demande mon « passeport » en roulant les r et les yeux. Il vérifie mes visas et je peux monter. Je trouve mon compartiment. Trois places assises, un strapontin en face, un coin de table et une sorte de placard réfrigéré. Je vois bien que les lits ont l'air d'être dans le mur et que les fauteuils sont escamotables, mais j'ai du mal à saisir l'ensemble. Je crois que je suis déjà un peu « lost in translation » tout est écrit en russe partout (ou en allemand, ce qui ne m'aide pas trop), tous les passagers sont russes. Puis mes deux « colocataires » arrivent, un peu en panique, elles ont failli louper le train. Galina (la tante) et Natacha (la nièce), la soixantaine et la quarantaine. Dieu merci, Galina parle français, ce qui va beaucoup m'aider quand même.
Facile à comprendre finalement.
Je me promène dans le couloir, une dizaine de portes, 3 par compartiment. Je regarde les panneaux, je ne comprends pas. Je tombe sur le panneau des temps d'arrêts en gare, intéressant mais j'ai du mal à tout saisir. Andreï le gentil contrôleur tente de m'expliquer, il parle anglais aussi bien que je parle allemand, c'est pas gagné. Une gentille passagère, entendant notre dialogue de sourds, fait l'interprète. En gros, demain matin, on arrive à Berlin à 9h, on peut aller se balader, mais il faut revenir à 15h et le train aura changé de numéro. Soit.
Galina et Natacha dînent, elles adorent les produits laitiers frais français, tellement meilleurs qu'en Russie. Donc fromage blanc, fromage, lait. Galina ne comprend pas pourquoi en France le thé est plus cher que le café alors que c'est juste de l'eau chaude. Ben ouais. D'ailleurs, eau chaude gratuite à volonté dans le local à côté de la « chambre » du steward, cool.
Natacha m'offre du thé que j'accepte, puis des biscuits que je refuse poliment. Elle a l'air de faire la gueule, c'est donc vrai qu'il ne faut jamais refuser ce qu'on nous offre...
Ben non, c'est pas trop étroit...
Andreï déplie les lits ; c'est vachement facile de faire son lit en équilibre sur une échelle, c'est moi qui vous le dis ! J'arrive enfin à me coucher, un sentiment oppressant de claustrophobie m'envahit, il fait une chaleur étouffante, si je lève le genou je touche le plafond (je sens que quelqu'un va me dire « ben t'as qu'à pas lever le genou », certes.), je ne sais pas comment je vais tenir. La clim' se met gentiment en route et m'aide à m'endormir, parfait.

Réveillée à 7h30 parce qu'il fait jour et que les stores ne sont pas baissés. Andreï vient nous voir pour nous expliquer l'arrêt à Berlin. Galina me traduit : il faut revenir à 15h et chercher le train 443. Rien que je ne sache déjà. Andreï est inquiet, il a peur que je me perde, que je ne comprenne pas ou que je ne revienne pas à temps.
Mémorial aux victimes de la Shoah.
9h, point de Berlin. Nous arrivons finalement à 9h52, bravo la ponctualité ! Berlin me voilà ! Ben nom de Diou de bon Diou, c'est une grande gare quand même ! (Désiré Maucette, sort de là!) Me voilà dehors. Je vais où maintenant ? Balade sympa, il fait bon, un peu orageux, Reichstag, porte de Brandebourg, mémorial aux victimes de la Shoah, petit déjeuner chez Starbucks (bouh!), et promenade dans le parc et le long de la Spree. Je retourne à la gare, histoire de visiter. Je rentre dans un Virgin, je vais voir les bouquins et là, c'est le drame, je vois une pile de Guillaume Musso, le téléphone sonne, c'est la même sonnerie que celle du 1er étage de la librairie D. Tu parles d'un dépaysement ! Je sors du Virgin.

Le train repart avec 10 minutes de retard, inacceptable. C'est l'heure du goûter, Galina m'offre le thé, je leur propose des cookies au chocolat (« oh, chocolat ! »), aussitôt Natacha me tend la boîte de biscuits apéro Belin. Euh... bon, pas le choix. Puis vient l'heure de la sieste. Je préfère bouquiner peinard (« Même les cow-girls ont du vague à l'âme ») en regardant défiler les paysages polonais. D'ailleurs, c'est pas facile facile de prendre des photos du train. Il faut avoir le rythme des poteaux dans la tête. Un peu comme le clip réalisé par Michel Gondry pour je ne sais plus quel groupe. Ça me rappelle le rythme des « bip bip » aux passages piétons berlinois, ça collait avec « Put the lime in the coconut »

(J'ai retrouvé le clip http://www.youtube.com/watch?v=Bv5o9sURhQs)

Galina m'explique que jamais ils ne sont trois dans les compartiments, même si c'est fait pour trois. Tu m'étonnes que j'ai eu du mal à l'acheter ce putain de ticket !


Samedi 20 Août, 3h10, Toc toc du contrôleur qui fait peur avec sa clef à lit. Nous sommes à Brest : changement des boggies et contrôle des passeports. Premier passage, le douanier vérifie à peine mon passeport. Puis arrive la dame en uniforme de je-ne-sais-quoi qui me demande (en anglais après une tentative en russe) d'où je viens, où je vais, pourquoi, si j'ai quelque chose à déclarer (rien excepté mon génie). Des militaires passent dans le couloir, deuxième contrôle des douaniers qui cette fois prennent les passeports et me donnent une fiche d'immigration à remplir. Le contrôleur nous rend les passeports et prend un volet de la fiche d'immigration. Il est 4h30, on peut se rendormir maintenant. Je serai bien allé voir le changement de boggies, mais bon, il fait un peu noir.
En fait, on dort bien dans les trains.

10h50, arrivée à Minsk. Je descend sur le quai me dégourdir les jambes, il fait frais, ça fait du bien. Je regarde les paysages défiler, c'est hypnotisant le train.

Hier, alors que Galina était assise sur son lit, le lit de Natacha est descendu de quelques centimètres, heurtant la tête de Galina. Elle a eu très mal. Je lui ai proposé un Efferalgan qu'elle a pris. Après je me suis dit que c'était peut-être pas conseillé avec tous les comprimés qu'elle prend déjà, mais bon.
Aujourd'hui, elle avait toujours mal (mais elle était en vie, victoire !) et avait des nausées, alors un médecin est monté pendant notre arrêt à Viezma. Elle m'a expliqué qu'elle a eu un « trésaillement du cerveau » et qu'elle devait avoir 10 piqûres. Malgrè mes 15 années d'« Urgences » et mes 7ans de « Dr House », j'ai pas tout compris. Il me faudrait l'avis éclairé d'un neurologue.

20h35, enfin Moscou !! Natacha m'offre un Pouchkine aimanté, je leur dis au revoir, salue ce cher steward Andreï et me voilà lâchée en pleine gare. Je prends un taxi non-officiel qui parle pas un mot d'anglais parce que je suis une pauvre touriste paumée. Heureusement que j'ai le plan de l'auberge de jeunesse, sinon, il sait pas où il va. Putain de 2x5 voies en plein centre-ville, et au-milieu, roule un tracto-pelle.

J'arrive à bon port, sous la bruine, deux touristes qui viennent de sortir de l’hôtel m'indiquent que c'est bien là, il faut que je monte. Personne de la maison, deux jeunes sur leur ordi qui me dise d'attendre, elle doit être quelque part. J'attends. Arrive une simili-punkette gentille, c'est une des gérantes.
Voilà, j'ai enfin un lit digne de ce nom (plus ou moins) et une ligne Wi-Fi gratuite, la vie est belle.
Demain, je mets des photos, ou ce soir si je dors pas. Il est déjà 22h tout de même (quel décalage!)


Au début




A la fin





5 commentaires:

  1. Tu permets de m'évader à 12 heures de ma reprise au boulot...merci Chacha...pas d'abus sur la vodka !!

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  2. Merci Charlotte pour ce premier récit et photos, bien que je ne sois pas encore tout à fait une personne âgée je dis "la suite ..la suite " vite.. Ce qui tend à dire que l'impatience n'est forcément caractéristique des vieilles gens( bonjour à mamie Cécile).Sais tu que tu as voyagé avec une poule, car en italien Galina se traduit par "Poule".. A très vite .. Mouemyn... le n de la fin devrait être à l'envers ..merci "reverso"..

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  3. C'est un bon début. Et Moscou sous la pluie c'est comment ? Rafraichis-nous un peu avec des photos des clochers du Kremlin dégoulinant de pluie.

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