La boucle est bouclée

lundi 22 août 2011

Priviet !

Dimanche 21/08/2011, 8h

Ben putain, je dors mieux dans un train ! Mal dormi, c'est chiant. Pourtant, la chambre est grande, on est que deux pour 4 lits (deux lits superposés). Mais ça grince. A peine je bouge, ça grince. Donc je me réveille dès que je bouge, et je bouge souvent. Je décide de me lever parce que bon, je m'ennuie un peu. J'attends que Le Finnois se lève ce qui ne tarde pas. Le Finnois est arrivé hier soir, peu après moi. Parle peu, bourru, la quarantaine, ressemble à un personnage de Paasilinna, mais pas un drôle.
Voilà, je suis dans la cuisine/salon et j'attends. Il pleut, c'est naz. Je n'arrive pas à sortir. A force d'entendre des "Et surtout, fait attention à Moscou !" me voilà complètement pétrifiée sur mon siège. Le Français est là et lit le guide sur le Transsibérien (le même que le mien et le même qu'il y a déjà ici, laissé par un autre voyageur). Nous discutons un peu. Il vient de pas loin de Toulouse, et a fait le trajet en sens inverse du mien, en s'arrêtant tout de même. Puis vient le Gars Sympa à Lunettes qui m'a aidée hier soir quand j'étais totalement paumée en arrivant. Je prends mon petit-déj avec lui : céréales et lait froid.

D'autres arrivants arrivent (c'est pour ça qu'on les appelle des arrivants ?!) un turkmène, et le remplaçant de la simili-punkette. Appelons-le, le Gars Cool. Le Turkmène me demande mon aide. Il veut envoyer des roses à sa copine mais il ne sait pas de quelles couleurs. Le rouge, elle trouve ça trop banal. Mon pauvre gars, mais les roses, c'est tellement banal aussi... Après vives discussions, il choisit des roses roses et des roses blanches.

10h50 : je me décide enfin à partir. Et là, une fois de plus, sensation de total perditude. J'avance le long de ce long boulevard (le même que le tractopelle), Dieu merci, il y a des passages piétons souterrains pour traverser, et vient un moment où je ne sais absolument pas où je vais. Je m'arrête en traversant un pont et donc un fleuve ou une rivière, la Moskova. Je vois bien qu'au loin les tours ont l'air bien chatoyantes et que cela pourrait être le Kremlin, mais connaissant mon sens de l'orientation aussi fiable qu'un livre épuisée est commandable, je préfère faire demi-tour. J'aurais, bien évidemment, dû suivre mon instinct pour cette fois. Alors, je remarche en sens inverse, je consulte mes plans, et m'aperçoit que oui, c'était bien le Kremlin là-bas au fond, et que sur le plan fourni par l'auberge de jeunesse, il y a écrit Kremlin avec une flèche indiquant la direction. Soit. Mettons ça sur le compte du manque de sommeil.
Il est vachement long ce putain de boulevard, et ces passages souterrains sont parfois assez glauques. Je suis aux aguets, dès que quelqu'un me double, je suis prête à lui infliger une prise de karaté digne de Jacques Tati. Non, tous les russes ne sont pas des méchants mafieux ou des pickpockets. Il faut que j'arrête d'être paranoïaque. La faute à James Bond aussi.

Je repasse devant l'auberge de jeunesse, je ne m'arrête pas ; maintenant, je sais où je vais. C'est pratique, c'est tout droit. D'abord, prendre des repères : je sors de l'auberge je tourne à gauche, je passe devant l'église rose, puis devant le pompier momifiée, je tourne à droite au bâtiment bleu délabré, et ensuite tout droit. Sur le chemin un Subway, un McDo, ok, enregistrés.
Les trottoirs sont un peu défoncés quand même, il y a plus d'un trou d'eau ; d'ailleurs le bas de mon jean est juste trempé. Tout est assez grand et massif, impressionnant (si j'ose dire). Pas grand monde dans les rues le dimanche matin. Peut-être la faute à la pluie aussi. Et enfin apparaît le Kremlin et tout le tintouin (quelles rimes! On passe au niveau CM). 

Cathédrale Basile-Le-Bienheureux
















Bon, ben là, la place rouge est loin d'être vide (désolée Nathalie). Pas mal de monde, mais les touristes européens ne sont pas en majorité. Beaucoup de russes, d'ouzbeks, de turkmènes, de kazakhs...
De quelle manière puis-je différencier tous ces gens vous demandez-vous ? C'est très simple. Mon incroyable capacité d'adaptation, mon apprentissage rapide du russe (en quelques heures, à peine) et mon ouïe hors du commun. Le tout combiné, je réussis à distinguer les différents accents, dialectes, langages de ces contrées lointaines.
Le fait que Galina m'ait fait un topo sur les touristes à Moscou est certainement plus crédible que tout le reste.


Bref, je marche, je prends des photos, il ne pleut plus, mais le temps est toujours pourri. Tout est cloolsse. Quand soudain, plus de batterie. Rapidité, efficacité, changement de batterie. Batterie vide. Je m'étonnerai toujours. Tant pis pour vous, moi j'ai tout dans la tête.
Je ne suis pas rentrée dans le Kremlin parce qu'il y avait du monde, il faut payer, tout ça tout ça. De toute façon, il y a beaucoup de choses à voir à l'extérieur quand même.

GOUM
Je me promène au GOUM, galerie marchande de boutiques de luxe, mais pas que : il y a aussi une fontaine, des bancs, des vélos, deux Audis, le costume de cosmonaute de Youri Gagarine et plein d'autres trucs. Et puis je me rentre tranquillement sous la re-pluie, par le même chemin (ras le bol de me perdre, je comprends déjà rien aux noms des rues ! Il me tarde Pékin et la Corée, ça risque d'être funky. Je prendrai des bobines de fil). Je suis fatiguée et j'ai mal aux jambes.

Sur mon lit (quel bonheur de s'asseoir ! Le train me manque...), je prépare mon programme de demain, il faut que je sois plus organisée.
Dans la cuisine/salon, je retrouve le Gars Sympa à Lunettes, nous discutons. Au cours de cet échange, et suite à une question de mon interlocuteur sur la classe de mon billet de transmongolien, mon regard tombe sur la section visas du guide de voyage. J'y lis que je dois me faire enregistrer le visa dans les sept jours suivant mon arrivée en Russie et que je ne dois surtout pas perdre le volet b de ma carte d'immigration qui m'a été remise lors de mon arrivée en Russie.
Petit problème, non négligeable, aucune putain de carte d'immigration ne m'a été remise à mon arrivée en Russie. Je panique un petit peu toute seule en mon for intérieur, pendant que le Gars Sympa à Lunettes est à l'ordi. Mes recherches Internet s'avèrent infructueuses, à chaque fois, je tombe sur "surtout ne perdez pas votre carte d'immigration". Google de merde. J'appelle l'ambassade (aux grands maux, les grands remèdes), "l'ambassade de France est actuellement fermée" hé hé hé...
 Soit.

Cathédrale de Kazan

Le Gars Cool revient de faire les courses. Hier, en arrivant je n'avais pas pu payer parce que je n'avais pas de liquide et qu'ils ne prennent pas la carte. La simili-punkette a dit "oh c'est pas grave, tu paieras plus tard". En revenant de mon périple Kremlinois, un beau billet de 5000 roubles en poche, le Gars Cool a dit "oh, j'ai pas assez de monnaie à te rendre. On verra ça ce soir ou demain" Bon, eux ils s'en font pas.

Donc, le Gars Cool revient de faire les courses. J'entends un truc ressemblant à "charrrllout", je me dis que ça m'est peut-être adressé. Il a de la monnaie, je peux enfin régler ma note. Je lui fais part de mes inquiétudes quant à mes problèmes administratifs russes. Lui ne s'en fait pas. Si je ne reste pas plus de trois jours ouvrés à un endroit, j'ai pas besoin de me faire enregistrer. Et la carte d'immigration c'est celle qu'on m'a remise en Biélorussie. Comment aurais-je pu le comprendre nom de Diou de bon Diou !?!! Ils m'ont jamais expliqué ça les douaniers ! Peut-être que si, mais en russe à 4h, moi je comprends rien. Le Gars Cool me dit qu'avec une petite rature, ça devrait faire l'affaire (forcément, j'ai pas mis les bonnes dates). Je suis rassurée, il me sauve une belle épine du pied, je lui dois une fière bretelle. Pour plus de sûreté, j'irai à l'ambassade demain matin. Si c'est fermé, et bien, advienne que pourra, je crois que j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir. J'ai fait le maximum. À ce niveau là où on en est je crois qu'on peut dire "à la grâce de Dieu" et allez.

Le Turkmène rentre vers 22h avec un sac de courses qu'il range au frigo : une bouteille de Vodka (genre 1,5-2 litres) une petite bouteille de jus de fruits et une autre grosse bouteille d'alcool inconnu au bataillon. Puis, il me pose une question que suis incapable de comprendre : il mélange mauvais anglais (avec un accent terrible !) et russe. Devant mon incompréhension, il appelle sa sœur qui a fait l'école anglaise (?). Mais ça ne répond pas. Le Français qui est à l'ordi essaye d'intervenir pour aider et on finit par comprendre grâce à un traducteur automatique en ligne. En fait, il s'avère que Le Turkmène voulait savoir s'il pouvait utiliser les verres et les tasses. Bien sûr que oui, mon gars ! Donc il nous propose de boire avec lui parce que sa copine l'a quitté. Il a dû se planter dans le choix des fleurs. Je refuse et je vais me coucher. Je les entends discuter, c'est pas triste ! Le pauvre Turkmène s'épanche en cherchant ses mots. Heureusement le Gars Cool est là et fait office de Google Translate. Je plains Le Français...






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire