La boucle est bouclée

mercredi 14 novembre 2012

Arrêts aux ports (de Nice)

Je fais les mêmes blagues si je veux !

La première escale était Napier, en Nouvelle-Zélande. Mais nous sommes arrivés à 22h pour repartir à 6h, j'ai pas trouvé tellement d'intérêt à descendre.
Les passagers retournent chez eux, un nouveau passager et un nouveau Capitaine arrivent.

Napier
Deuxième escale, deux jours plus tard, Tauranga, Nouvelle-Zélande également. On y arrive à 23h et on ne sait pas tout à fait quand on repart. Le lendemain, au petit-dèj, on est toujours à quai, on devrait partir entre 16h et 19h30 ce qui me laisserait la possibilité d'aller faire un tour à terre. Je croise le nouveau capitaine, je lui demande si je peux et quand je peux descendre. Il m'explique tout plein de trucs, et me dit que je peux y aller maintenant, il faut juste que je sois revenue à fourteen hundred (il vérifie avec le Chief Officer), je dois laisser mon numéro de portable au cas où (mais le 3rd Officer l'a déjà) et puis un des membres d'équipage doit m'appeller le shuttle bus. Il me souhaite une bonne journée et je me casse. Sur le Main Deck, un marin me fait remplir et signer le registre et un autre m'appelle la navette pour dans 10 min. Il est 8h55, cool ! Dehors, ça bosse à plein depuis plusieurs heures. Des grues géantes de partout, des machines roulantes bizarres, des containers qui volent, un camion essence qui rempli le cargo, et derrière un labyrinthe de containers ; bref un vrai bordel organisé. On m'autorise à descendre la passerelle, ensuite je suis la ligne jaune pour ne pas me faire écraser par quelque chose (d'ailleurs, difficile de prendre le cargo en photo depuis les quais, pas assez de recul) et me voilà à l'arrêt de bus. J'attends, j'observe, je me fais un peu chier, il est 9h15 et il n'y a personne. Je me dis qu'il m'a oubliée, je rappellerais bien, mais j'ai pas de forfait, je marcherais bien mais je crois que c'est interdit, donc j'attends encore. 5 minutes plus tard, arrivent Bob et sa camionnette. Il est trop sympa Bob. 65 ans, policier à la retraite, il travaille au port pour arrondir ses fins de mois. Il me demande où je veux aller, ben je sais pas trop. Alors il me conseille « Tauranga n'a rien de particulier, c'est juste une ville avec des magasins sans intérêt, mais de l'autre côté du pont tu peux aller à Mount Maunganui, c'est très joli. » il a même un plan et tout, Bob fait aussi office du tourisme « alors tu peux faire le tour de la montagne (Mauao), c'est beau, j'y vais souvent avec ma femme et mes deux petites-filles. » Il y a aussi une marche qui mène au sommet à ce que je vois « oui mais bon non, en tant qu'ex-policier, je te conseillerai de ne pas y aller seule » ça me paraît bizarre comme histoire mais bon. On passe dans une partie du port où il y a du bois partout et en quantité astronomique : des troncs petits, grands, des planches, entassés partout, sur des camions, ça sent vachement bon le bois.

Mauao
Bob me dépose donc de l'autre côté du pont, toujours dans le port (c'est un peu bizarre comme truc mais très compréhensible quand on a une carte.) Il reviendra me chercher à 13h30, trop cool Bob !
Le temps est pas mal couvert mais tant qu'il pleut pas tout va ! Voilà donc Mauao, ancien volcan éteint, autrefois habité par une tribu Maori. Autour de la base de la montagne, à certains endroits, il y a des coquillages blancs. Pas parce que le volcan était sous l'eau. Les habitants de Mauao ont placé ces coquillages pour entendre les tribus ennemies approcher. C'est ce que Bob m'a dit.


La marche est facile, agréable, il y a pas mal de monde, certains courent, la plupart marchent. Je croise des moutons et des agneaux (mignons les côtelettes!) et même un petit lapin, ça c'est de la nature sauvage néo-zélandaise ! Je ne vois pas d'oiseaux très colorés comme en Australie.

j'ai faim
Une fois le tour fini, j'hésite à grimper au sommet, le chemin est juste devant moi et quelqu'un commence « l'ascension » (c'est pas non plus super haut). Le destin décide pour moi, il se met à pleuvoir. Je marche sur la plage, le sable n'est pas vraiment doré, plutôt marron/noir. La pluie s'intensifie, je me réfugie dans un magasin quelconque. Une fois l'averse passée, je continue vers la seule piscine naturelle d'eau chaude salée de l'hémisphère Sud. Je m'en vais ensuite vers le « centre-ville ». Arrêt à la banque, je change quelques dollars australiens pour des dollars néo-zélandais. J'aime bien la pièce de 0,10$. Putain, il y a un pingouin sur le billet de 5, j'adore ! Il pleut pas mal, je vais dans un Internet café, je vérifie mes mails mais d'abord ils me demandent si je suis bien moi parce que je me connecte d'un endroit vraiment bizarre. C'est chiant la sécurité parfois.
J'arpente les rues de Mount Maunganui, à la recherche d'un supermarché. Il repleut. Je m'abrite dans un magasin de bouffe, at last ! J'achète un paquet de cookies et un chocolat néo-zélandais. Tiens, un Burger King ! C'est fini Hungry Jack's...
Il fait beau maintenant, ça change, je continue mon chemin dans la seule rue commerçante de la « ville ».
Je reviens tranquillement à mon point de départ, je passe par un joli petit parc, je suis un peu en avance, je m'installe devant la security gate sur un banc au soleil et j'essaye de lire le journal gratos mais c'est très venté. Bob est aussi en avance, ça tombe bien ! On revient doucement vers le Matisse. Il me demande si j'ai passé une bonne journée, si je suis montée au sommet. Et finalement il m'avoue qu'il y a quelques années, une jeune touriste anglaise a été assassinée par un type au sommet de Mauao. Ah d'accord ! Et puis il continue de parler, de me poser des questions, quelle pipelette ce Bob ! 13h40, me voilà pas loin du Matisse, Bob me dépose, adieu Bob, merci pour tout !

La plage
Je suis la ligne jaune, j'attends qu'un container vole avant de passer en dessous pour accéder à la passerelle. J'ai bien fait, il a fait tomber pas mal de flotte en passant.
Je dis adieu à l'ancien Capitaine, c'est le terminus pour lui.
Au final, on a quitté Tauranga à 20h30, mais bon ils peuvent jamais trop savoir à l'avance...

Manzanillo, de l'autre côté du canal de Panama, première escale après 15 jours d'océan Pacifique. On y arrive vers 21h pour repartir vers 5h. Je dors avant même qu'on ne soit à quai.
L'ancien Chief Officer termine son contrat, le nouveau Chief Officer monte à bord.

L'escale à Kingston, Jamaïque, est annulée, on a pris trop de retard. De toute façon me dit le nouveau Capitaine, c'est trop dangereux. L'ancien Capitaine était content qu'on y stoppe de nuit, il m'avait conseillé d'aller au super night-club d'Usain Bolt. Euh...

Savannah, États-Unis. 15h15, je suis au Bridge, je vois la côte, le pilot débarque à l'heure dite, ça change. C'est assez long en fait l'arrivée sur Savannah, mais c'est pas grave, il fait si beau c'est agréable. J'aperçois même quelques dauphins au début de la Savannah River. Beaucoup d'oiseaux que je ne sais pas ce que c'est. Il y a pas mal de papillons également, en arrivant près de la ville. Je reste longtemps sur le Monkey Island, belle vue. À un moment, je prends peur, je vois un papillon géant pas loin. Le temps que mon cerveau comprenne tout, c'était en fait une mouette... le soleil doit taper sévère.

papillon pomme
Le deuxième pilot arrive pour aider à la manœuvre de parking. Je sais pas comment fait le marin pour entendre les ordres, les 2 pilots discutent ensemble et glissent les ordres au milieu de la conversation sur le même ton comme si de rien.
Il est 18h30 lorsqu'on est garé, moi je suis crevée, je rentre chez moi. Je sais vraiment pas si je veux aller à Savannah, les États-Unis c'est pas un pays qui me fait envie. Ça me ferait même plutôt peur, je ne me sens bizarrement pas à l'aise dans un pays où on peut se promener avec des armes à feu sans problème.
19h, je sors de chez moi pour aller dîner mais Roman, Freddie le cuistot et deux autres marins sont dans le couloir devant la salle des passagers. C'est apparemment là que se fait le contrôle des douanes. Bon ben je rentre dans ma chambre et j'attends. J'ai dû remplir des fiches cette aprèm juste pour deux escales de quelques heures, je hais la paperasse. Un des douaniers me cause deux mots, il a l'air sympa. Vient mon tour, j'arrive dans la salle: l'agent portuaire dans un fauteuil, le douanier sympa debout, un autre douanier, plus jeune, l'air gentil debout également, le Capitaine assis en bout de table, un douanier effrayant à l'autre bout, c'est évidemment lui qui fait le contrôle. Il est plutôt jeune, il a le regard mauvais et des tatouages plein les bras... Il fait durer mon contrôle avec plein de questions inutiles, j'aime pas ça du tout du tout du tout. En plus je lui mens « vous êtes allée dans des fermes en Australie ? » « Non. » Finalement il me rend mon passeport, le Capitaine m'apprend que je peux descendre si je veux. L'autre passager me demande de l'attendre, il va à terre également.

Dauphins de Savannah
Il faut qu'on appelle le responsable de la maison des marins de Savannah qui peut nous conduite là-bas. Mais personne ne sait où est l'unique conducteur, donc on sait pas quand il arrive. Super. Il est 20h, on doit revenir à minuit. Finalement, le conducteur est dans le crew's messroom. Ah bon ? Et ben on y va alors ! C'est un gars sympa, un philippin. Roman, le cuistot et d'autres gars chargent les provisions à bord, dehors c'est un ballet de n'importe quoi, des lumières, des sons, des grues... Il nous emmène au seaferer's mission. Il nous y dépose, on a le wifi gratuit (il nous avait prévenu, on a pris nos laptops!). J'ai l'impression d'être une droguée en manque.

Avant Savannah
Le gentil conducteur revient avec 4 marins : Roman, Freddie, un gars de la salle des machines et un indien. En route pour le Walmart ! Amérique, me voilà ! Savannah, la nuit, ben en fait on visite la Zone Industrielle je crois. Il est 21h30, on repart à 23h. Putain, y'a des m&m's et des paquets de friandises partout, c'est le paradis de l'enfer cet endroit ! Ensuite, en voyant des déguisements en vente, je percute : c'est bientôt Halloween, d'où les paquets de chocolats pas cher... Des m&m's inconnus ! Certes, à la framboise. Au début je ne les prends pas. Puis je me suis souvenue de mon destin : « tous les m&m's tu goûteras » bon d'accord... j'en trouve également au chocolat blanc je crois. Un paquet de m&m's peanuts et des Kit-Kat, ça suffit.

Arrivée sur Savannah

Évidemment, je suis obligée d'aller chez McDonald's. Pour mon premier et dernier jour aux States, je ne peux pas ne pas manger là. Même si j'ai déjà dîné. Un menu Big Mac, s'iou plaît ! Putain, mais j'ai même pas faim en fait. À la télé, je vois qu'il fait 67° à Savannah. Ben dis donc. Ici c'est nous qu'on se sert et qu'on se ressert à boire, pratique. Donc je goûte une gorgée de chaque. Je retente le Dr Pepper que j'aime pas, mais on sait jamais. Ben j'aime toujours pas, étonnant, non ? Puis un truc jaune, un truc rouge et pour finir un truc bleu. C'est immonde, mais ça fait joli dans mon gobelet en carton.


On attend les autres avec le gars de l'Engine Room, il est cool, il a acheté plein de chips et de chocolat. Roman revient avec une télé 32 pouces. Il débauche à Rotterdam (ça fait presque 9 mois qu'il est à bord) donc il voulait se payer un cadeau avant de rentrer et aux E.-U. c'est moins cher qu'en U.E. Le cuistot quant à lui ça fait que 2 mois qu'il est à bord, il termine en mai. Putain, c'est long... On est tous de retour à la voiture, sauf l'indien qui se fait gentiment (je suis pas sûre) charrier avant et après son retour. Mais c'est qu'il a l'air grandement à la masse quand même. Retour au port, devant le Matisse. En sortant et en rentrant au port, on s'est bien fait checker les identités. Les passagers ont droit à leur passeport, pas les membres d'équipage, ils ont leur pass du bateau et c'est tout. Ils ont peur qu'ils se fassent la malle ou quoi ? Le Matisse est bien bas, c'est marée basse, et c'est un peu Noël. Il y a des lumières de partout : les grues, les camions, les bateaux... On remercie le chauffeur et on remonte à bord par la super passerelle qui est presque horizontale tellement c'est pas haut. C'était donc la première fois que je mettais les pieds aux USA, quelle aventure. J'ai vu le principal : un McDo, un Walmart, un train. Il manque juste les armes à feu.

Philadelphie, toujours les États-Unis. Je trouvais ça long l'arrivée sur Savannah (un peu plus de 3h) et ben j'avais rien vu ! Philadelphie c'est pas tout près de l'Océan, on a passé plus de 7h sur la Delaware River ! Bon le pire apparemment c'est pour aller à la Nouvelle-Orléans, 12h sur le Mississippi. Le pilot était un gars sympa, il m'a annoncé des dauphins mais trop tard. Par contre j'ai bien vu le faucon ou l'aigle qui a fait un bout de chemin avec nous. Pas grand chose de transcendant en plus il fait même pas beau et nettement plus froid qu'à Savannah. J'écoute de loin les histoires que se racontent le pilot et le Capitaine. À savoir que pour être pilot, il faut avant tout être Capitaine et avoir passé 10-15 ans en mer. Donc, quelques histoires du bon vieux temps jadis où ils stoppaient des semaines en Thaïlande, au Vietnam ou aux Caraïbes. Ils avaient le temps de voir du pays, de se faire des amis. Mais ce temps-là est révolu.

le faucon/aigle
On est garé à 20h45, deux gars des customs montent à bord, ils sont vachement plus sympas qu'à Savannah. L'un des deux me demande mon passeport et me le rend après une rapide vérification, me cause deux mots de français. Il y a donc le Capitaine, le 3rd Mate, les deux officiers et l'agent du port. Je les regarde tous s'occuper de la paperasse, un vrai délice. J'ai parfois l'impression qu'eux même ne comprennent pas ce qu'ils font. Les douaniers ont une boîte remplie de tampons encreur, trop fendard ! Ils se passent des papiers, demandent des copies, des signatures, des explications « c'est quoi ce papier ? », c'est génial. Donc là on est 22 à bord + 2 passagers + un gars de la compagnie qui a fait des vérifications de sécurité entre Savannah et Philadelphie. Le gars + 1 passager vont descendre mais un nouveau marin va monter à bord, on sera donc 24. Les customs s'en vont vers 21h30. C'est en feuilletant mon passeport que je m'aperçois que je ne suis jamais sortie d'Australie. Ces tanches n'ont pas tamponné mon passeport lorsqu'ils ont vérifié mon identité à Melbourne...

Philadelphie by night
J'apprends que l'ouragan Sandy est en train de débouler par ici, ça tombe bien, on se barre fissa.
Cette fois-ci, je reste à bord, on repart à 5h. Ça ne me tente vraiment pas d'aller me balader dans les rues de Philadelphie pour quelques heures en pleine nuit. Moi je voulais voir New-York c'est tout. Mais de toute façon, un jour j'irai à New-York avec moi. Soit en train dans quelques dizaines d'années ou alors avant ça en cargo.


Le passager s'arrête là, me voilà maintenant seule passagère à bord ! Je vais donc manger seule à tous les repas.

Escale à Tilbury, Angleterre, annulée. On file droit sur Rotterdam

Rotterdam, Pays-Bas. On arrive avant minuit, je reste chez moi. Le lendemain matin, j'hésite à sortir mais il fait un froid de canard et je n'ai qu'un pull... Finalement, j'ai bien fait de rester, on était censé quitter le port à 14h et nous sommes partis à 11h30 ! Tout à fait, il est possible de rater un cargo, ils ne peuvent pas attendre, peu importe qu'il y ait des passagers ou des marins à terre. Roman retourne chez lui après 9 mois à bord, soit 3 allers-retours entre l'Australie et l'Europe. À bord, nous avons donc un nouveau messman, un nouveau frigoman et un nouveau 2nd Engineer. Demain, le 2nd Engineer et l'électricien rentrent chez eux. L'ancien frigoman est promu nouvel électricien et reste 3 mois de plus à bord, dur, dur...

Rotterdam au petit matin
Mon dernier dîner à bord est très joyeux, 8 autour de la grande table, ça rigole, ça bavarde, mais bon, moi je suis toujours seule à ma petite table. Pour une fois, ils parlent anglais (il y en a 2 qui ne sont pas roumains) et j'écoute leur discussion. Ça cause de grues, de câbles qui lâchent, de voiture volante, de marin ukrainien bourré (ce qui est apparemment un pléonasme), et puis ils font des gestes que je vois pas pour bien saisir l'ensemble de l'histoire et tout le monde rigole. Moi, il me manque des morceaux alors ça me fait pas rire. En plus, je voulais prendre la pizza en photo, et ben c'est même plus la même qu'avant !

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