La boucle est bouclée

vendredi 30 septembre 2011

Mille millions de mille sabords


Depuis quelques jours, grâce aux relevés météo, on sait qu'on va avoir quelques heures pourries à un moment ou à un autre. Le Chief Mate annonce à partir de 14h pendant 10h, le 3rd Mate penche pour le matin jusqu'au soir. On verra bien.


La veille, le Chief Officer essaye de me faire peur : vagues de 4 à 5 mètres, beaucoup de houle (ça c'est vrai). Il me demande ensuite si tout est sécurisé dans ma cabine parce que ça va swinguer (ça c'est pas vrai) : télé, chaîne Hi-Fi, fauteuils, "and you too" qu'il rajoute, "oui, je vais attacher ma ceinture de sécurité" je lui réponds.
Jour J, 8h, au Bridge, j'aide Scott pour ses relevés de sextant, je note les chiffres qu'il me dicte. On voit les côtes australiennes et un arc-en-ciel de bienvenue. Le ciel est dément, il pleut d'un côté, il y a du soleil de l'autre, puis de gros nuages sombres... c'est incompréhensible. Les vagues commencent à prendre de l'ampleur, le bateau bouge beaucoup. Encore une fois le Chief Mate s'est planté dans les horaires, la rough sea, c'est maintenant, pas à 14h.


Impossible de se baigner dans la piscine à moins de se faire plaquer contre les parois toutes les 30 secondes.
Scott me propose d'aller faire un tour sur le Main Deck et surtout à l'avant, il adore ce genre de temps (sur un gros bateau).
C'est incroyable. Un vent de furieux (30 noeuds) siffle et souffle à l'avant du bateau, j'ai peur de me faire emporter. Les vagues sont plus grandes, 3m, la mer est gentiment en colère. Très dur de retrouver cette impression sur les photos.
Le vent vient du portside, nous y allons donc, le meilleur endroit pour prendre des photos fun. Attendre qu'une grosse vague arrive, qu'elle s'écrase selon le bon angle contre le bateau et splash tout remonte à la verticale ! Bon, on a pas vu quelques vagues arriver derrière nous, on s'est un peu fait tremper.
Splash
Oreilles congelées, le vent qui gifle le visage (j'aurais mieux fait de passer sous les ciseaux du bosun, mes cheveux me baffent en permanence avec ce vent), goût salé sur les lèvres, ça fait du bien de respirer le grand air. On redescend sur le main deck, une averse nous oblige à nous réfugier dans le bosun store pendant 2 minutes. Des bruits étranges, une lampe qui bouge toute seule, (Pixar bonjour !) on se croirait dans une maison hantée.
On marche jusqu'à l'arrière du navire, les containers souffrent mais pas en silence, on est sur un vaisseau-fantôme, ça grince de partout, on entend des chocs épouvantables, des gémissements de bêtes blessées sortir des fosses, et les crissements des griffes du dragon qui essaye de se stabiliser comme il peut, pauvre petite bête dans son container.


C'est le jour idéal pour descendre une échelle rouillée et glissante par une trappe étroite. Nous voilà à l'arrière du navire, au point le plus bas et le soleil me réchauffe. On regarde les vagues s'écraser contre le cargo penché par-dessus la balustrade, c'est fascinant, c'est mieux que les montagnes russes. Les vagues atteignent 4 mètres, nous sommes à force 6-7, c'est rigolo. Difficile de marcher droit, le vent pousse dans tous les sens.
Nous allons dans le couloir à côté de la salle des machines et là, je vois le couloir bouger par endroit, c'est très surprenant.

Trappe
On ressent beaucoup moins les mouvements du bateau à l'extérieur qu'à l'intérieur. La mer est un peu plus en colère, l'avant du bateau est maintenant trempé, nous avons eu un timing parfait. Descendre et monter les escaliers dans le bateau qui tangue autant, c'est trop marrant.
On en a pour la journée, je vais regarder quelques films je crois.

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