La boucle est bouclée

jeudi 29 septembre 2011

Navigation Deck ou Bridge

Tableau de bord

J'y suis retournée quelques fois après ma première visite du cargo.
La seconde fois, le Capitaine est là, mais seulement le temps que je signe l'assurance déviation.
Pendant que j'étudie à loisir cette grande pièce et que je mitraille de tous les côtés, le 2nd Officer (le premier) donne un cours à Arndt et lui explique le fonctionnement de tout ce bordel. Ça aurait juste été hyper génial qu'il parle anglais et pas allemand, j'aurais pu en profiter aussi.

Dans le Navigation Deck, il y a d'abord un grand bureau, avec une carte étalée, tous les outils nécessaires pour tracer une route, des cartes météos, un GPS, des appareils radios, des machines qui crachent des messages papiers (fax pour la météo, Téléx pour les infos de navigations), des ordinateurs, des machines (pour mesurer le vent et d'où il vient).
De l'autre côté, contre le mur, des cases contenant des drapeaux de plusieurs pays. Lorsque nous arrivons en vue d'un port (ou peut-être avant, dans les eaux du pays ?), ils hissent le drapeau correspondant.
Carte
Des tableaux avec des lumières d'alarmes qui s'allument si nécessaire, une étagère de livres hyper passionnants comme "Bridge Procedures Guide" ou encore "Piracy", des livres contenant des cartes de ports, les procédures de sécurité... D'ailleurs, affichés un peu partout dans le Navigation Deck, "comment mettre son gilet de sauvetage", "l'alphabet en drapeaux", "les signaux de secours"...
"Le tableau de bord", comme je n'ai pas eu de cours, je m'invente mes termes. Deux supers sièges de la mort, des radars, des ordis, des téléphones, radios, des GPS, des jumelles, des lampes torches, des boutons qui s'allument de partout, un petit volant, et une poignée pour passer les vitesses (il n'y en a pas des masses entre Full speed et Stop).
Au-dessus, des appareils pour mesurer des trucs sûrement importants. Deux horloges : une à l'heure "locale", une à l'UTC (faudrait rechercher le sigle, mais je pense que c'est l'heure GMT).
À l'extérieur, sur les ailes, il y a aussi quelques appareils étranges, et une vue sympa.
3 équipes de une à deux personnes de surveillance, roulement toutes les 4h. (au port, 2 équipes, roulement toutes les 6h)
Une autre fois, Scott m'explique le fonctionnement du sextant. C'est trop chouette, le soleil est vert fluo ! C'est peut-être ça finalement le rayon vert...

Visite de nuit à 20h, 3rd Mate et Trainee : Les rideaux sont tirés, moi qui me demandais à quoi ils pouvaient bien servir... en fait, c'est pour la lumière (sans dèc ?!).
Le bureau où il y a les cartes, les cahiers à remplir, là où ils font leurs devoirs quoi, il y a besoin de lumière pour travailler. Dans le reste de la pièce, le noir doit être absolu pour pouvoir observer l'extérieur. C'est saisissant, une fois les rideaux franchis, on est plongé dans le noir total. Excepté les radars, GPS et autres boutons lumineux ; c'est encore plus génial, ça fait un peu fête foraine. Mais un peu seulement. Il faut 10 bonnes minutes pour que les yeux s'habituent à l'obscurité, ensuite on parvient à voir quelques trucs dehors. Le retour à la lumière fait mal.
Navigation de nuit
Arndt fait ses devoirs. Il coche les cases d'un programme sur les conditions météo : nuageux ? Quelle sorte de nuages ? Température de l'air ? Taux d'humidité ? On va sur une aile, il fait chaud dehors, malheureusement trop de nuages, pas une seule étoile. Il doit mesurer le taux d'humidité je crois. Il agite deux thermomètres fixés sur un bâton (un peu comme ce truc hyper énervant qui fait du bruit). Il rentre toutes les données dans le programme, puis il enregistre sur une disquette et il envoit les données à partir d'un ordi d'un autre temps à une station qui regroupe ce genre d'infos de tous les bateaux. L'eau est à 31°C, incroyable ! Il m'explique un peu tout ce qu'ils font pendant leurs heures de surveillance. Ils doivent remplir plusieurs cahiers avec toutes sortes d'informations (position, météo, tout, n'importe quoi), calculer leur position à l'ancienne (soleil, lune, étoiles...) et ensuite corriger si nécessaire à cause des variations magnétiques (un truc dans le genre). Il me montre comment reporter les données du GPS sur la carte et ainsi connaître la position du navire. Le compas est le meilleur ami du navigateur il semblerait. Cloolsse.

Visite avec le nouveau 2nd Mate : Il m'explique ce qu'il est en train de faire. Il a imprimé des centaines de pages sur papier calque, ce sont les mises à jour des cartes. Il sort la bonne carte, il positionne le calque où il faut et il y inscrit la mise à jour des profondeurs. Vu le nombre de cartes et de calques, il est pas sorti de l'auberge.
Il me montre un immense carnet, qui regroupe des cartes du monde.
S'ils partent sur une nouvelle route, pour la préparer, il suffit d'ouvrir ce carnet et de regarder les zones traversées. Des rectangles de différentes tailles représentants des cartes des plus précises aux plus générales chacune définies par un numéro. Ils cherchent les bons numéros de cartes, ils sortent les cartes et ils tracent la route manuellement grâce à de savants calculs qu'ils reportent ensuite dans l'ordinateur.

Visite avec le Chief Mate : au début j'appréhende un peu, lui qui ne parle jamais sauf pour grogner. En fait, il est assez sympa, il m'explique son boulot avec son anglais à fort accent allemand. Il me montre le programme informatique qu'il utilise pour tout ce qui concerne les containers. Il y en a presque 2000 à bord en ce moment. Où les placer, lesquels décharger, comment équilibrer les ballasts. Il vide un ballast, me montre le schéma du bateau qui penche dangereusement sur la droite "là, ça va pas" qu'il me dit. Sans dèc ! Rajoute vite de la flotte, je veux pas qu'on coule ! Il fait la même chose avec des containers "là j'enlève ces deux-là, je les rajoute devant, le bateau penche vers l'avant, c'est pas bon." Il m'explique aussi la ligne de visibilité imposée par la loi, la ligne d'eau, comment le cargo peut/doit se tordre pour supporter les coups de vent et les grosses vagues... C'est quand même pas mal intéressant. Il est 17h15, le soleil est couché ou presque, il passe les ordis en mode nuit.
Le Chief Officer, qui aime vraiment parler de son boulot, me raconte comment c'était mieux avant : pas d'horaires strictes à respecter, chargement/déchargement du bateau "à la main", rester 40 jours dans un port, pas tout ce matos ultra sophistiqué et en même temps beaucoup moins de navires, donc pas trop de risques de collision... Les temps ont changé.

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